C'est vers 22h que des dizaines de jeunes habitant le bidonville de la localité ont commencé à donner libre cours à leur colère. Incendiant des pneus et dressant des barricades, ils se sont attaqués entre autres au barrage fixe de la gendarmerie, au niveau du quartier. Gaz lacrymogènes et jets d'eau ont eu du mal à disperser la foule en furie, qui réclamait son relogement. La population de la commune de Gué de Constantine, relevant de la circonscription administrative de Bir Mourad-Raïs, a vécu une nuit cauchemardesque. Plus d'une centaine de jeunes habitants dans le bidonville situé au niveau du lieu dit Megnouche, plus connu sous l'appellation de Haouch Djermane, se sont attaqués, vers 22h, aux éléments de la Gendarmerie nationale, en poste à un barrage fixe au niveau du quartier. Les émeutiers ont incendié des pneus, dressé des barricades et lancé des projectiles en direction des éléments des services de l'ordre en scandant des mots d'ordre dénonçant la hogra et le mépris des autorités locales en matière de relogement. Après s'être introduits à l'intérieur du site AADL en vue d'investir les logements en construction, les émeutiers ont tenté de s'introduire dans l'enceinte de l'imprimerie de presse située à quelques encablures du lieu des affrontements entre les jeunes citoyens révoltés et les services de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et des jets d'eau pour disperser les émeutiers. En vain. Un autre fait, regrettable lui aussi, les manifestants se sont attaqués à plusieurs véhicules de citoyens, dont des familles de passage par ce tronçon qui mène vers la wilaya de Blida. Ils ont brisé également plusieurs vitres de l'imprimerie de presse avant de s'attaquer aux enseignes luminaires de l'entreprise Seal. Dans un élan de colère, les contestataires ont mis le feu à une guérite de la gendarmerie nationale après une vaine tentative d'investir les locaux de la gare ferroviaire de la localité qui étaient bien protégés par les éléments de la gendarmerie nationale et des brigades anti-émeutes. Selon certaines sources non confirmées, on signale quatre blessés dans les rangs des émeutiers. Les impressions recueillies auprès de plusieurs frondeurs font cas de mépris qu'afficheraient les autorités locales envers cette population des bidonvilles dans le cadre de l'opération de recasement des habitants des bidonvilles. «Nous voulons que les autorités concernées par le relogement se tournent un peu vers notre commune, particulièrement vers les habitants des bidonvilles qui sont délaissés et vivent dans la misère depuis plus d'une trentaine d'années. En d'autres termes, nous sommes mal représentés par les élus locaux. Donc, ils doivent tous partir. ça devient clair. Il y a des Algériens qui sont des laissés-pour-compte et dont nous faisons partie. Nous avons des droits que nous avons l'intention de défendre et faire entendre par qui de droit», disent nos différents interlocuteurs qui promettent de «revenir à la charge autant de fois qu'il le faudra, jusqu'à la satisfaction de nos droits légitimes». Pour rappel, la commune de Gué de Constantine regroupe en son sein plus de 9 000 taudis dispersés à travers plusieurs quartiers. Rabah Khazini