Un filon porteur Débuts n La notion de halal va être étendue par notre communauté au-delà de la simple viande. Le halal, au centre d'un enjeu politique et économique, comme tout le monde le sait, représente pour le musulman tout ce qu'il peut manger, boire ou consommer de façon licite et permise selon les canons de l'Islam. Si le problème ne se pose pas en Algérie où la population est globalement croyante et pratiquante et fait automatiquement la part entre ce qui est halal et ce qui ne l'est pas, en France, en revanche, les choses sont plus complexes. D'abord parce que notre communauté émigrée compte deux millions d'individus et ensuite parce que le milieu dans le lequel elle vit est diamétralement opposé au sien quand il ne lui est pas foncièrement hostile. C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les premiers bouchers musulmans halal ouvriront leurs portes à Paris et dans les grandes villes de France, comme Lyon, Marseille et Lille. Ces nouveaux artisans ont très vite compris que le filon halal était porteur et qu'il avait de beaux jours devant lui. Au début, ces échoppes très modestes étaient ouvertes toute la nuit, car de nombreux clients, des travailleurs maghrébins, travaillaient très tard. Les familles françaises prendront peu à peu l'habitude de se servir «chez l'Arabe» du coin en merguez quand tout est fermé ailleurs. Grâce à ce business encore très mal exploité en France et en Belgique, notamment, de véritables fortunes verront le jour. Mais la notion de halal va être étendue par notre communauté au-delà de la simple viande. Les visites fréquentes au pays d'origine, le contact quasi permanent avec les premiers fondamentalistes qui investiront les banlieues, la diffusion du dogme dans les salles de prière et les caves désaffectées des immeubles feront prendre conscience aux jeunes, peu à peu de la richesse de leur culture et des lois qui la réagissent. Le lobby musulman est tellement important dans le nord de la France que des fast-foods se sont remis au halal pour garder leur clientèle. Bien mieux, des cantines scolaires dans certaines Académies proposeront aux enfants des régimes halal. Il n'en fallait pas plus pour déchaîner le courroux de Marine le Pen qui voit là une immixtion flagrante de l'Islam dans les écoles. Il sera même reproché à Martine Aubry, maire de Lille, d'avoir permis à des musulmanes d'utiliser à des heures bien précises, la piscine municipale pour éviter la promiscuité avec les hommes. La laïcité tirée de principes de la République devra être le modèle de tous, insisteront les partis de droite qui ne se mettront pas de gants pour souiller l'image d'une candidate à la présidentielle, donnée favorite dans tous les sondages. Le halal est aujourd'hui non seulement un enjeu économique majeur en France mais un enjeu politique aussi. Imaad Zoheir