Le marché mondial des aliments halal est à l'aube de développements majeurs qui laissent entrevoir une croissance rapide et soutenue. Le marché des aliments halal représente actuellement pas moins de 12% des échanges mondiaux de produits agroalimentaires, et un essor important de ce marché générera des possibilités de croissance dans toute l'industrie agroalimentaire. La plupart des rapports sur le marché halal portent sur la viande, mais les produits certifiés halal ne se limitent pas à la viande, ils incluent presque tous les produits agroalimentaires et certains produits non alimentaires, dont les cosmétiques. En Malaisie, par exemple, des produits très divers ont la certification halal, notamment les sauces, l'eau embouteillée, le thé, le café et les boissons aux fruits. La population musulmane mondiale atteint près de 1,6 milliard d'habitants. Les musulmans devraient représenter 30% de la population mondiale en 2025. Les principaux marchés halal sont l'Algérie, le Bahreïn, l'Egypte, l'Indonésie, l'Iran, l'Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Malaisie, le Maroc, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, les Emirats arabes unis et le Yémen. La population combinée des principaux marchés halal est estimée à environ 652 millions d'habitants. En Europe les aliments halal sont une nouvelle tendance. Et les affaires marchent bien. Précurseur en matière de production halal en France, la chaîne “ Orientales Viandes “, à titre d'exemple existe depuis 20 ans et vend uniquement des plats préparés halal. Elle répond à la demande des musulmans qui recherchent des produits de cuisine européenne sous le label halal (moussaka, hachis Parmentier, lasagnes…). “ Orientales Viandes “ vend des produits frais et surgelés aux magasins de la grande distribution. Elle est certifiée par la Mosquée d'Evry, possède une clientèle principalement musulmane et connaît une expansion commerciale “à deux chiffres” depuis plusieurs années en Europe. Autre précurseur du marché halal : Maggi halal qui propose ses soupes déshydratées depuis 15 ans. Avec des soupes traditionnelles du Maghreb (Harira, Chorba) à base de matières grasses végétales, la société affiche 20% de croissance de vente par an depuis plusieurs années. Distribué en Europe de l'Ouest, le produit touche 10 à 15% de non-musulmans. Selon son directeur de la communication, le marché du halal se professionnalise et commence à mûrir. Aussi, la marque Aladin existe depuis 1988 en Allemagne. Elle distribue uniquement de la charcuterie halal en Europe de l'Ouest et en Scandinavie, surtout dans des supermarchés. Certifiée par l'Europäisches Halal Zertifierungsinstitut, l'enseigne Aladin vend 3000 à 4000 tonnes de viande par mois. L'Oasis de Djerba propose elle aussi de la charcuterie halal, mais espagnole cette fois-ci. A partir d'une cuisse de veau ou de dinde, la fabrication et la méthode de séchage sont traditionnelles. Ces produits haut de gamme visent l'Europe de l'Ouest et sont certifiés par l'Instituto Halal de Junta Islamica. L'Oasis de Djerba assure que ses produits sont 100% halal, il n'y a pas de colorant, simplement des épices. Est-ce vrai et comment le savoir ? En effet, le problème de la certification reste toujours posé en l'absence d'organisme commun et fiable capable d'effectuer ce travail de par le monde. En France par exemple, il existe de nombreux organismes de certification. Certains sont issus de mosquées comme le label de la Mosquée de Paris, celui de la Mosquée d'Evry, et celui de la Mosquée de Lyon. D'autres sont délivrés par des organismes indépendants comme AVS et MCI. Chacun de ces labels ne reconnaît pas forcément les autres certifications. Une guerre impitoyable est livrée pour discréditer les concurrents. Ce qui opacifie le marché du halal. Néanmoins, des initiatives sont aujourd'hui en train de voir le jour pour essayer de réunir les acteurs du contrôle du halal afin d'établir des critères communs. Ils devraient en effet se mettre d'accord sur un seul label halal avec un logo unique. Le logo de l'organisme de contrôle viendrait compléter cette enseigne commune. Cette nouvelle donne témoigne en tout cas des enjeux économiques liés à la consommation halal. Dalila B.