Alors qu'Irakiens et Américains se livrent une guerre sans merci à quelques centaines de kilomètres, chrétiens et musulmans libanais se sont retrouvés vendredi soir dans une église de Beyrouth pour écouter la diva Faïrouz psalmodier la passion du Christ. Accompagnée de sa chorale, composée de chrétiens et de musulmans, Faïrouz a chanté devant une foule d'environ un millier de personnes dans l'église maronite de Saint-Elie, une des plus anciennes de la capitale libanaise. A la fin de son chant religieux, en arabe et en syriaque, Faïrouz a été très longuement ovationnée par le public, comme s'il s'agissait d'un concert profane. En ce vendredi saint, des centaines de personnes sont restées sur le parvis de l'église maronite, détruite par la guerre civile (1975-1990) et restaurée depuis, pour écouter la voix de leur idole. Avec ses prises d'otages et sa sauvagerie, certains aspects de la guerre en Irak rappellent à de nombreux Libanais le conflit qu'ils ont vécu pendant 15 ans avant de connaître la paix. A la sortie de l'église, certains ont confié avoir prié, en écoutant Faïrouz, pour leurs frères Irakiens. Tout comme l'Irak, le Liban, où la religion joue un rôle prépondérant, est composé d'une mosaïque de communautés religieuses. Dans ces nombreux concerts partout dans le monde, Faïrouz, 69 ans, sacrée plus grande chanteuse arabe depuis la disparition d'Oum Kalsoum, chante non seulement le Liban, mais la Palestine, la Syrie, La Mecque, sans jamais renier sa chrétienté qu'elle exprime dans ses chants religieux de Noël et de Pâques.