Résumé de la 2e partie n .Benito, pour faire plaisir à Francisco qui veut se marier, entreprend un échange épistolaire avec une fille sortie de son imagination.. Alors pourquoi lui as-tu pris son argent, hein ? — Il était mort. C'était ma faute, mais j'allais pas le laisser là au bord de la route avec l'argent dans sa poche... un voleur le lui aurait pris.» C'est le comble ! Qui pourrait croire un argument pareil ? Benito se moque du juge, et le juge se fâche. Qu'on emmène cet imbécile ! Quand, il voudra dire la vérité, on verra ! La vérité ? Benito se débat et crie dans les couloirs tandis que les carabiniers l'emmènent. A qui dire la vérité ? Puisque personne n'en veut, de sa vérité ! Ni le juge ni le petit avocat qui est venu le voir deux fois. Personne, il n'y a personne qui sache, et qui comprenne ce qu'est la vérité de Benito Pascual sur son crime. Il n'a plus qu'à prier devant sa croix dessinée sur le mur. Il est coupable après tout puisqu'il a tué. Il n'a qu'à se repentir tout seul. Ça le regarde ! Le procès est fixé. Benito a signé des aveux. Il reconnaît avoir tué son ami Francisco. Il ne reconnaît pas que c'était pour lui prendre son argent et messieurs les Jurés apprécieront. Le procès du balayeur est pour le lendemain. Les journaux de la ville n'en ont pas fait grand cas, car personne ne fait grand cas du balayeur Benito Pascual et de sa victime. Il y a des crimes plus intéressants qui méritent la une des journaux. Sentencieux, un compagnon de cellule a déclaré : «T'y couperas pas. C'est le garrot. Si tu te repens devant les juges, on te graciera peut-être, fais-leur le grand cinéma.» Benito préfère pour l'instant demander la visite d'un prêtre, ce qui lui est accordé aisément. L'aumônier de la prison a l'habitude, il en a reçu des confessions avant chaque procès. Des vraies, des fausses, des repenties certaines, mais provoquées par la peur de mourir surtout. La vieille crainte d'arriver devant Dieu sans pardon. «Tu veux te confesser, Benito ? — Non. Je me suis confessé, père, l'autre fois déjà. — Peut-être n'as-tu pas tout dit ? — Si, père, et Dieu m'entend. — Il te jugera, Benito. — Il jugera bien, père. Dieu comprend tout ? — Tout, Benito. Alors que veux-tu ? — Père, ils vous croiront, si vous dites la vérité, n'est-ce pas ? — Mais Benito, j'ignore si c'est la vérité. — Je l'ai confessée, j'ai tout dit, vous m'avez fait réciter des prières de pénitence, et vous m'avez pardonné. — En effet. Mais c'est une affaire entre toi et Dieu. Le crime n'est pas pardonnable, Benito, tu le sais. Dieu a dit : «Tu ne tueras point.» — Père, je veux que vous leur disiez, vous, aux juges, tout ce que j'ai confessé. — Mais Benito, je n'ai rien à faire au procès. Je ne peux pas y aller, même si tu me relèves du secret de la confession. Tu comprends, je ne suis pas un témoin. D'ailleurs, cela ne servirait à rien. Ton crime est un crime que les hommes doivent juger sur les faits, ils ne tiendraient pas compte de ma conviction. — Mais les pensées ? Père... les pensées ? Ce que j'ai dans ma tête ? Qui leur fera comprendre ? Ils ne m'écoutent pas, ils se moquent de moi, et moi je ne sais pas parler comme vous ! Père, il faut aller voir le juge et lui demander de parler pour moi au procès. — Je vais essayer, Benito, mais que veux-tu que je dise ? — La vérité de ma confession. Vous avez compris, vous. Vous m'avez écouté. A suivre Pierre Bellemare