Mode n La scène footballistique nationale est-elle en train de vraiment bouger avec l'arrivée de nouveaux repreneurs pour donner un nouveau souffle à des clubs moribonds qui vivent une précarité financière récurrente. Le groupe ERTHB d'Ali Haddad a ouvert la voie il y a une année en reprenant les rênes de l'USM Alger après plusieurs saisons de règne sans partage de Saïd Allik qui a redonné vie au club de Soustara qui s'est étoffé, entre 1995 et 2005, de l'un des plus beaux palmarès sur la scène nationale. Mais avec l'avènement du professionnalisme, les clubs ne pouvaient plus continuer à être gérés selon le modèle archaïque du bénévolat et de l'amateurisme avec des pouvoirs publics comme pourvoyeurs essentiels de financement. Le week-end dernier, le doyen des clubs algériens, le Mouloudia d'Alger, a vécu, peut-être, l'un des moments les plus forts de son histoire avec cette venue d'une société mixte algéro-italienne, Edil Pellicano, qui reprendra 66,67% du capital social du club. Dans le fief mouloudéen on jubile déjà car fini le temps des vaches maigres, d'autant que le vent du changement semble inéluctable comme l'a annoncé le président d'honneur et ambassadeur d'Algérie à Rome, Rachid Marif, qui a exigé le départ de l'actuel conseil d'administration du club. Cette société, qui s'engagera pour cinq ans, injectera progressivement des fonds dans le club et d'ores et déjà on s'attend à des changements à tous les niveaux (structurel, organisationnel, gestion, infrastructurel…). De source bien informée du dossier mouloudéen, les Italiens viendront en conquérants et imposeront leur façon de faire, car ils auront la majorité dans le futur conseil d'administration du club, malgré les coups bas que sont en train de mener les réfractaires au changement pour décrédibiliser le projet de reprise et d'empêcher les Italiens d'accéder au «pouvoir» d'une maison jusqu'ici inaccessible par les différentes oppositions qui se sont succédé. Ce vent de changement ne semble d'ailleurs pas se limiter au Mouloudia puisque d'autres clubs peuvent suivre, à l'image de la JS Kabylie, malgré la présence d'un Moh-Chérif Hannachi, toujours gardien du temple (mais jusqu'à quand ?), de l'Entente de Sétif ou du CR Belouizdad. Pour ce dernier, un projet se dessine à travers l'éventuelle arrivée du groupe Dahli, dont le premier responsable, Hassan Bachir Chérif, a affiché, tout récemment, de réelles et grandes ambitions de faire accéder le Chabab à une dimension plus élevée. Les négociations en coulisses vont bon train et rien n'a encore filtré sur ce dossier du groupe Dahli, spécialisé, rappelons-le, dans l'hôtellerie, l'immobilier et les loisirs, dont les responsables étudient toujours la proposition des dirigeants belouizdadis. Il faut dire qu'aujourd'hui, les clubs algériens en général – bien que certains de leurs dirigeants, arc-boutés sur leurs acquis, restent réticents à faire le saut – aspirent à construire sur du solide et à investir sur le long terme afin d'éviter de vivre les expériences de certaines écuries, comme l'Entente de Sétif qui a vu s'effondrer le château de cartes après le départ du wali Noureddine Bedoui vers Constantine qui a entraîné le retrait du président Abdelhakim Serrar et avec tous les projets du club phare des Hauts Plateaux. Annoncé comme étant le premier modèle de club professionnel en Algérie, l'ESS est vite retombée dans ses travers et vit aujourd'hui une grave crise. Ce qui a poussé le premier responsable de la SSPA/ESS, Serrar en personne, de recourir à l'aide «étrangère» où l'on parle d'une piste émiratie qui aurait affiché son intérêt pour le club d'Aïn El-Fouara qui, il y a quatre ans, avait trusté deux titres arabes (ligues des champions) qui lui ont permis de se tailler une belle notoriété du côté des pays du Golfe. C'est sur cette image et bien d'autres facteurs liés au rang et au standing de ce club, que les dirigeants sétifiens veulent attirer de nouveaux capitaux pour redorer le blason et redonner consistance à l'Entente. La contagion peut ainsi se propager à d'autres clubs soucieux de se sauver et en quête de repreneurs pour un avenir plus certain. A. Salah-Bey