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Arts plastiques
Une léthargie qui perdure
Publié dans Info Soir le 16 - 10 - 2011

Réalité - Par quoi est marqué l'univers des arts plastiques en Algérie ? Le constat est certainement navrant..
Nombreux sont ceux qui s'accordent à soutenir que l'expression artistique végète dans l'immobilisme. Elle est dépourvue de conditions favorables à son épanouissement, à tel point que les artistes viennent à manquer d'inspiration ainsi que d'imagination dans leur travail.
«L'art en Algérie est un réel désastre, notamment l'art contemporain», fait remarquer Noureddine Ferroukhi, plasticien, et d'expliquer : «Il n'y a pas de créativité parce qu'il il y a un problème d'inspiration, de volonté et d'honnêteté.»
Il regrette que «les artistes africains qui vivent dans des conditions plus difficiles que leurs homologues algériens, parviennent à créent des œuvres, alors que nos artistes n'arrivent même pas à dépasser ces limites, essayer d'aller au-delà et de créer une véritable œuvre qui ait un sens et un discours».
Noureddine Ferroukhi, qui considère qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour changer et améliorer la situation, soutient, en outre, qu'il y a une paresse intellectuelle, une léthargie artistique. «Les artistes ne se donnent pas la peine d'assister aux événements culturels et aux vernissages, ils ne participent pas aux rencontres. En plus, il y a un manque d'espaces dans lesquels ils peuvent se rencontrer, discuter et débattre de l'art.»
Il n'y a pas en fait, selon Noureddine Ferroukhi, un débat artistique ou une réflexion intellectuelle autour d'une œuvre d'art. Il y a absence d'échange et d'innovation. Et si les artistes algériens sont victimes de sommeil artistique, si la volonté ou l'inspiration leur manquent, c'est parce que les conditions favorables ne sont pas réunies.
L'on peut effectivement constater que de nombreux artistes traînent avec eux, d'une exposition à l'autre, et ce, plusieurs années durant, la même œuvre.
La raison : ils n'ont pas les moyens matériels de s'engager pleinement dans un travail créatif. D'où la necessité d'un marché de l'art. Il n'y a pas chez nous un marché de l'art au sens large et plein du terme. «Je crois que le marché de l'art chez nous n'existe pas vraiment», dira Noureddine Ferroukhi, et d'expliquer : «Il existe en fait un marché de l'art, mais informel.» Les «transactions» se font, selon lui, au sein de circuits privés, par des relations. L'acquisition de l'œuvre d'art se fait selon un seul critère : la beauté. Mais il n'existe pas un marché de l'art structuré, reconnu et développé. «En quoi il pourrait être structuré, explique-t-il, dès l'instant où il n'y a pas les normes qu'il faut : normes d'esthétique, de valeur marchande, historiques…, toutes ces caractéristiques qui déterminent le marché de l'art.» A la question de savoir pourquoi il n'existe pas jusqu'à présent un marché de l'art, Noureddine Ferroukhi répondra : «Simplement parce qu'il n'y a pas une véritable politique culturelle, il n'y a pas les mécènes, les sponsors, ceux qui véhiculent et motivent une des formes de l'art qui rend les œuvres marchandes.»
Estimant que le rôle des mécènes consiste à aider les artistes dans leur travail, donc à soutenir et à stimuler la création, à permettre à l'œuvre d'exister, notre interlocuteur regrette que les institutions publiques (musées, ministères, banques…) aient failli à leur devoir, celui de participer à booster le circuit au sein duquel l'œuvre d'art peut revêtir une valeur marchande. Il regrette aussi que le public, celui qui aime l'art, n'ait pas les moyens de faire des acquisitions, tandis que ceux qui en ont n'aient aucune notion artistique. Noureddine Ferroukhi explique aussi que si le marché de l'art n'existe pas, c'est parce qu'il y a un manque d'espaces d'exposition, il n'y a pas de structures qui pourraient permettre à l'art d'être véhiculé, vulgarisé. «Il n'y a pas beaucoup de galeries, celles qui existent – elles ne sont d'ailleurs pas nombreuses – ne jouent pas le rôle qu'il faut. Mais il faut reconnaître que c'est à partir de ces galeries – certaines l'ont fait pour des raisons commerciales, d'autres en revanche par amour pour l'art – que des artistes arrivent à vendre leurs œuvres, sachant que les galeristes sont le lien entre les artistes et le public, et c'est un des rôles des galeries : diffuser, promouvoir et vendre l'art.» «On ne voit cependant aucune galerie réelle, celles qui existent – hormis deux, une étatique et une autre privée – ont un statut qui n'est pas encore défini, les autres sont toutes accompagnées d'une autre forme de commerce : ce sont des espaces où l'on fait des encadrements, réalise des objets, vend des livres…» Ainsi, il n'existe pas une galerie d'art au sens plein du terme.


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