Constat n L'expression artistique, telle qu'elle se pratique en Algérie, reste classique et quasi identique à tous les artistes. Le mode opératoire se résume à la peinture, très peu à la sculpture, et rares sont ceux qui se livrent aux installations ou aux nouvelles technologies, à savoir la vidéo. Interrogée sur cet état de fait, Djahida Houadef, plasticienne, répond : «C'est par manque de moyens que nos artistes ne recourent pas aux nouvelles technologies, qui nécessitent énormément de moyens financiers, et ne les intègrent pas dans leur création.» Et d'ajouter : «C'est aussi parce que cela n'est pas encore assez développé. Il n'y a pas assez d'artistes travaillant dans ce sens.» En plus, avec ce genre de création, l'artiste peine à vendre son œuvre. «Déjà avec la peinture classique, c'est difficile de vendre, alors que dire d'une œuvre créée autour des nouvelles technologies ?». «Si, en revanche, nous avions les moyens, souligne-t-elle, nous aurions pu toucher à tous les modes d'expression, c'est toujours une expérience en plus, une ouverture.» Cet état de fait s'explique aussi par l'absence d'un marché de l'art, d'une politique d'acquisition d'œuvres d'art encourageant l'artiste à créer et à poursuivre sa réflexion sur l'art. Comme il s'explique par le fait que l'histoire de l'art en Algérie n'est pas assez développée, et cela pour cause : le manque d'activité en ce sens et l'absence d'une politique favorisant la création, librement et instantanément. Djahida Houadef estime, toutefois, que tout mode d'expression est rentable pour l'expression artistique. «Pour moi je ne suis pas pour une expression – ou un mode d'expression», dit-elle, tout en précisant : «Un gribouillis est une manière de s'exprimer. Avec ou sans les nouvelles technologies, l'art aura toujours son mode d'expression. Car l'art s'exprime de manière diverse, personnelle et recherchée, quel que soit la forme ou l'outil d'expression.» S'exprimant sur le Festival international des arts plastiques à Fez (Maroc) auquel elle a pris part, Djahida Houadef dira : «L'intérêt de ce Festival réside surtout en la rencontre d'artistes que nous ne connaissions pas et ainsi voir le travail des uns et des autres. C'était très riche et diversifié.» Interrogée sur le contenu de l'exposition, l'artiste répondra : «Je pensais voir quelque chose de différent par rapport aux préoccupations des artistes algériens, mais en fait pratiquement tous les artistes arabes participants ont les mêmes préoccupations sur le plan esthétique ou thématique.» Certains travaillent l'abstrait, d'autres le figuratif, le surréalisme. «C'est-à-dire que, par rapport à ma vision personnelle, je n'ai pas vu quelque chose de nouveau, nous sommes tous au même stade de recherche au niveau de l'art plastique.» Toutefois, l'artiste estime qu'à travers les travaux des exposants, «certes l'art algérien est au même niveau que dans le reste du monde arabe, sauf que chez-nous, et notamment avec les événements tels que ‘'Alger, capitale de la culture arabe'' ou encore le Panaf, nous sommes, quand même, sortis de ce que nous avions l'habitude de voir.» Pour elle, il y a plus de richesses et de recherche chez nous. Yacine Idjer