Un débrayage en chasse un autre ; une grève en appelle une autre : le front social s'est particulièrement embrasé ce mois-ci, touchant la majorité des secteurs d'activité. Des grèves se suivent, après une accalmie durant l'été. Les revendications sont pratiquement les mêmes : augmentation des salaires et amélioration des conditions de travail. Et ce sont les mêmes syndicats qui renouent avec la contestation, en raison de la non-tenue des promesses des autorités faites l'année dernière pour pousser les grévistes à reprendre le travail. Secteur habitué aux grèves, l'Education nationale ne semble pas près d'atteindre la stabilité, pourtant indispensable pour un meilleur encadrement des élèves des trois cycles. La semaine dernière, les différents syndicats autonomes ont encore paralysé les écoles pendant trois jours. Ce n'est qu'hier que la plupart de ces syndicats, à l'exception du Snapest, ont repris le travail, tout en menaçant de revenir à la charge si le ministère de tutelle ne respecte pas ses engagements relatifs à la prise en charge des revendications exprimées. Le même jour, les travailleurs de la Société nationale de transport ferroviaire (Sntf) sont entrés en grève illimitée pour revendiquer le paiement du rappel de la révision des échelons depuis 2009, un débrayage qui intervient quelques jours après la journée de protestation du 3 octobre dernier. Hier, aucun train de banlieue d'Alger n'a démarré de la gare de l'Agha (Alger) et des centaines de milliers de voyageurs ont été pris en otage. Les cheminots estiment qu'il y a «un refus catégorique» de la part des responsables de la Sntf de satisfaire à cette revendication dont ils avaient admis les termes lors de la réunion du 3 octobre. Le secteur de la santé publique s'apprête, pour sa part, à revivre le scénario de l'année écoulée. Le Syndical national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) a, en effet, lancé un appel à une grève illimitée, à partir du 25 octobre. «Nous faisons une évaluation complètement négative sur la mise en place de l'accord signé le 20 mai dernier avec le ministère de la Santé», a déclaré Mohamed Yousfi, président du syndicat. Le 20 mai dernier, le Snpssp et le ministère de la Santé avaient conclu un accord, validé par le Premier ministre, sur la satisfaction des dix revendications des médecins spécialistes. Cet accord avait permis de geler l'appel à la grève lancé par le syndicat. Les médecins réclament notamment l'amendement du statut particulier, la révision du régime indemnitaire, la suppression du service civil, l'attribution d'un quota de logement de fonction, du calcul des primes d'intéressement, de garde et de contagion, de l'application de la carte sanitaire, de la participation à la rédaction de la future loi sanitaire... De leur côté, les avocats ont également annoncé une grève de trois jours à partir du 25 octobre. Les robes noires rejettent le projet de loi régissant leur profession. «C'est un texte rétrograde qui veut museler l'avocat et faire basculer le dernier bastion de la liberté en Algérie, celui du droit de la défense» avait indiqué il y a quelques mois le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Selini.