Rien ne va plus dans le secteur de l'éducation. La revalorisation du régime indemnitaire ayant mis le feu aux poudres, avec des augmentations «fictives» battues en brèche par les enseignants, le silence de Benbouzid quant aux autres revendications des syndicats autonomes ne fait que consolider la détermination des enseignants à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Alors que l'Unpef et le Cnapest décident de reconduire leur grève qui a, de l'avis de Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest, enregistré hier un taux de suivi record de 93%, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), qui a dans un premier temps gelé sa grève, menace de son côté de revenir «dès le début du mois de mars», sur le terrain de la contestation «au cas où la tutelle trahit ses engagements rendus publics». En effet, dans un communiqué intitulé «Appel à la poursuite de la grève», l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) justifie le maintien de la grève initiée avec le Cnapest par les «augmentations insignifiantes» qui varient, selon ses calculs, entre 570 DA et 6328 DA ainsi que «la supercherie» de la tutelle qui a intégré la prime de rendement «plafonnée» dans le salaire mensuel alors que celle-ci est semestrielle et varie entre 0 et 40%, selon les grades. Aussi, la non-promulgation de la nouvelle décision relative à la gestion des œuvres sociales et la non-concrétisation du dossier de la médecine du travail «conformément aux lois de la République, notamment la loi 07/88 et le décret exécutif 120/93», sont les autres raisons de la colère des enseignants. L'Unpef exige, entre autres, dans le même document, de bénéficier des nouvelles indemnités omises dans le décret exécutif 78/10 du 24 février 2010, la promulgation de la décision relative à la gestion des œuvres sociales ainsi que la promulgation du régime indemnitaire des corps communs. L'Unpef appelle, pour ce faire, «l'ensemble de la famille éducative à poursuivre la grève pour une autre semaine reconductible, jusqu'à satisfaction pleine et entière de nos revendications légitimes». M. Boudiba que nous avons joint hier, affirme pour sa part qu'aucun contact n'a été établi avec le ministère. Le spectre de l'année blanche n'est pas écarté par notre interlocuteur qui s'interroge sur le silence de Benbouzid «alors que tous les paliers sont paralysés», dit-il, avec un taux de suivi de la grève estimé à 93%. Il dit cependant comprendre l'inquiétude des parents d'élèves et endosse à la tutelle l'entière responsabilité des conséquences qui pourraient découler du débrayage appelé à durer. Le CLA menace de reprendre la contestation Ayant gelé sa grève en considérant les récentes mesures comme «une demie victoire», le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) dénonce dans un communiqué rendu public «la manipulation de l'opinion publique par l'annonce tonitruante de ces augmentations ainsi que le silence assourdissant de la tutelle concernant d'éventuelles clarifications quant à la nouvelle fiche de paie». Le CLA réaffirme que le début du mois de mars constitue une échéance pour la reprise de la protestation, «au cas où la tutelle trahit ses engagements rendus publics». Tout en déclarant son soutien aux travailleurs des corps communs, «marginalisés par ce régime indemnitaire», le CLA réaffirme son attachement à ses autres revendications, notamment la revalorisation du point indiciaire, «seule garante contre la chute permanente du pouvoir d'achat, la révision du statut particulier, qui doit déverrouiller la carrière des enseignants et des travailleurs de l'éducation ainsi qu'une retraite après 25 ans de service». S'agissant des œuvres sociales, le CLA estime que «cet acquis des travailleurs constitue un appât dangereux pour les syndicats pouvant les dévier de leur mission» et propose leur dissolution et leur octroi sous forme de 13e et 14e mois de salaire. Enfin, il lance un appel aux autres syndicats pour la constitution d'un front commun à la veille de la promulgation du code de travail, «cette nouvelle loi qui s'apprête à porter atteinte aux acquis des travailleurs, en particulier les retraites et le droit de grève».