Dérapage - De violents incidents ont éclaté hier en marge de manifestations massives contre l'austérité. A quatre jours d'un sommet européen qui pourrait décider d'augmenter la puissance de feu financière face à l'aggravation de la crise de la dette dans la zone euro,125 000 personnes selon la police ont défilé dans les rues des grandes villes pour protester contre un nouveau train de mesures d'austérité imposé par le gouvernement. Des affrontements entre groupes de jeunes et policiers ont transformé en champ de bataille le centre d'Athènes, qui suffoquait entre gaz lacrymogènes et incendies de poubelles, en marge d'une manifestation géante. «Ces incidents, émaillés d'actes de vandalisme contre des magasins et des bâtiments publics, ont fait 45 blessés, dont 25 parmi les policiers», a dit la police. La Grèce livre «la bataille des batailles», a lancé le ministre des Finances Evangélos Vénizélos en ouvrant les débats dans un parlement encerclé par une marée de contestataires. Le projet de loi devait être soumis à un premier vote «sur le principe» dans la soirée, avant son adoption définitive jeudi soir. Les sacrifices demandés, dont beaucoup visent une fonction publique inefficace et coûteuse bâtie sur le clientélisme politique, sont imposés alors que la Grèce traverse sa troisième année consécutive d'une récession qui s'aggrave. La mobilisation pour cette cinquième grève générale de l'année a atteint un niveau record : transports, écoles, musées et secteur public étaient paralysés, mais aussi commerces, taxis et autres entreprises privées. A quatre jours du sommet européen, les contacts se multipliaient entre les capitales, pour tenter d'enrayer la contagion de la crise de la dette dans la zone euro, au moment où les agences de notation financière s'attaquent à l'Italie, la France et l'Espagne. Selon une source diplomatique à Bruxelles, les pourparlers en cours visent à porter la capacité d'intervention du Fonds de soutien européen (FESF) pour les pays en difficulté de 1.000 à 2.000 milliards d'euros. Ces discussions se déroulent sur fond de détérioration de la conjoncture économique : l'Allemagne a ainsi ramené à 1% ses prévisions de croissance pour l'an prochain alors que la première économie européenne tablait précédemment sur 1,8%. Face à la propagation de la crise, le sommet européen de dimanche s'annonce décisif.