La réunion des ministres des Finances de la zone euro a dû être écourtée à cause de la manifestation contre les plans d'austérité organisée dans la ville polonaise par la Confédération européenne des syndicats (CES). Réunis depuis jeudi dernier à Wroclaw, en Pologne, les ministres européens des Finances ont fini par tomber d'accord vendredi soir sur un plan prévoyant le durcissement de la discipline budgétaire dans la zone euro. Un plan comportant six textes législatifs baptisé «6 Pack» a été proposé, il y a déjà un an, par la Commission européenne avec l'objectif de renforcer la gouvernance économique de l'Union européenne. Le dispositif prévoit un volet «correctif», lorsque les pays affichent un déficit public supérieur à 3% de leur produit intérieur brut, et un volet dit «préventif» avec des sanctions possibles pour les Etats qui se dirigeraient dangereusement vers ce plafond. Ce nouveau dispositif est censé renforcer le pacte européen de stabilité jugé trop peu persuasif. La réunion des ministres de la zone euro a toutefois dû être écourtée à cause de la manifestation contre les plans d'austérité organisée dans la ville polonaise par la Confédération européenne des syndicats (CES), et qui a rassemblé «environ 10 000 personnes», selon les indications de la police. Les organisateurs avaient dit attendre plus de 30 000 participants. Bernadette Segol, secrétaire générale de la CES, a expliqué cette mobilisation par le fait que «les coupes dans les salaires et l'austérité qui est imposée un peu partout et en particulier dans les pays les plus durement touchés (par la crise de la dette) n'amènent pas la croissance et ne vont pas permettre de réduire la dette» et a plaidé pour des euro-obligations, la mise en œuvre d'une taxe sur les transactions financières, «la fin des paradis fiscaux, la fin de l'évasion fiscale et une taxation juste». La fin du sommet des ministres des Finances a également été caractérisée par des positions virulentes de la part des dirigeants européens par rapport aux critiques adressées la veille par le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner. Ainsi, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a affirmé hier que la zone euro se porte mieux économiquement que d'autres grands pays développés, même s'il reconnaît qu'il y avait eu «des erreurs au niveau de certains pays pris individuellement», mais ces erreurs «sont en train d'être corrigées». Timothy Geithner avait exhorté la zone euro à mettre un terme à ses divisions sur les moyens de résoudre la crise. «Je ne comprends pas bien ce qu'il a voulu dire», a affirmé en réponse Jean-Claude Trichet. Geithner avait également proposé de donner davantage de ressources au Fonds européen de stabilité. Par contre, l'Allemagne a suggéré de soutenir l'idée d'une taxe sur les transactions financières qui permettraient de dégager les fonds nécessaires. Ce que le secrétaire américain a refusé. De son côté, le ministre des Finances luxembourgeois n'a pas exclu hier que les pays trop laxistes en matière de discipline budgétaire puissent être poursuivis par la Cour de justice européenne, sur le modèle de ce que subissent les entreprises accusées d'enfreindre les règles de la concurrence.