Suspense - Les résultats du premier scrutin libre des Tunisiens, après la révolution du Jasmin, seront connus demain. Les Tunisiens se sont massivement mobilisés hier, dimanche, pour la première élection libre de leur histoire, en votant avec calme et émotion pour élire une Assemblée constituante, neuf mois après la révolution qui a chassé Ben Ali et donné le coup d'envoi du printemps arabe. Le taux de participation avancé jusqu'ici est de 70%, «alors que dans certaines circonscriptions, ce taux avoisinait les 80%, trois heures avant la fin des opérations de vote», a déclaré le président de la commission électorale, Kamel Djendoubi. La commission électorale (Isie) a souligné que l'affluence avait été forte, mais sans pouvoir donner un chiffre pour l'ensemble du corps électoral. «Le taux de participation concerne les inscrits volontaires», a précisé encore M. Djendoubi. Le corps électoral est estimé à 7,2 millions de personnes. Mais seuls 4,1 millions de Tunisiens s'étaient inscrits volontairement sur les nouvelles listes électorales à l'issue d'un processus d'enregistrement cet été. Les 3 autres millions d'électeurs potentiels pouvaient voter sur présentation de leur carte d'identité. «Nous avons été pris au dépourvu, nous tâtonnons. Le nombre d'électeurs non inscrits volontairement qui se sont déplacés est très important, mais encore insaisissable», a ajouté un autre responsable de l'Isie. Dans les bureaux de vote, à Tunis comme en province, l'affluence a été en effet grande durant toute la journée et les votants non inscrits volontairement sur les listes électorales étaient nombreux. En fin d'après-midi d'hier, ni l'Isie ni les observateurs internationaux n'avaient constaté de dysfonctionnement majeur, même si Kamel Djendoubi a relevé certaines «irrégularités», notamment des «pressions sur les électeurs analphabètes» et des «SMS pour influencer le vote». Selon M. Djendoubi, les résultats officiels de ce scrutin seront connus demain, mardi, dans l'après-midi. «On va essayer d'avoir des résultats dès lundi mais les résultats officiels seront annoncés mardi après-midi lors d'une conférence de presse», a-t-il promis. Les électeurs devaient choisir les 217 élus d'une Assemblée constituante qui devra rédiger une nouvelle constitution et désigner un Exécutif qui gouvernera jusqu'aux prochaines élections générales. Les Tunisiens devaient départager 11 686 candidats, répartis sur 1 517 listes présentées par 80 partis et des «indépendants» (40%). Alors que la parité est obligatoire, les femmes ne sont que 7% à mener des listes. Pour les Tunisiens, ce dimanche a constitué un authentique baptême du feu démocratique. Voter avait perdu tout son sens sous Habib Bourguiba, le père de l'indépendance (1956) et n'était devenu qu'une formalité sous le règne de son successeur, Zine El-Abidine Ben Ali, constamment réélu pendant 23 ans avec des scores défiant l'imagination (99,91% en 1994).