Résumé de la 10e partie - Poirot est quasiment sûr que c'est Miss Carnaby qui a volé les pékinois... Je le pense, du moins. Vous avez monté cette «affaire» avec l'aide d'Auguste. Vous êtes sortie avec le chien de votre patronne pour lui faire faire sa promenade habituelle, vous l'avez amené ici et ensuite vous êtes allée dans le parc avec Auguste. Le gardien vous a vue avec un pékinois, comme d'habitude. La nurse, si nous l'avions retrouvée, aurait certifié, elle aussi, que vous promeniez un pékinois. Pendant que vous lui parliez, vous avez coupé la laisse d'Auguste qui est dressé à rentrer tout seul chez vous et, quelques minutes plus tard, vous déclariez qu'on venait de vous voler votre chien. Il y eut un silence. Miss Carnaby se leva, avec une dignité un peu pathétique. — Oui. Tout cela, est vrai. Je... je n'ai rien à dire. La vieille dame impotente, sur le canapé, se mit à pleurer doucement. — Rien à ajouter, vraiment, Mademoiselle ? — Rien. J'ai volé.., et l'on m'a découverte. — Vous n'avez rien à ajouter... pour votre défense ? murmura Poirot. Les joues blanches d'Amy Carnaby s'empourprèrent au niveau des pommettes. — Je ne regrette pas ce que j'ai fait. J'ai l'impression que vous êtes bon, monsieur Poirot. Peut-être comprendrez-vous ? C'est la peur, voyez-vous, qui m'a fait agir. — La peur ? — Oui. Je sais que, pour un homme, ces choses-là sont difficiles à concevoir. Je ne suis pas intelligente, je n'ai aucune instruction et je vieillis. L'avenir me fait peur. Je n'ai rien pu mettre de côté car je me suis toujours occupée d'Emily. Plus je prends de l'âge, moins j'ai de chances de trouver quelqu'un qui veuille bien de moi. Les gens préfèrent les êtres jeunes et brillants. Je ne suis pas la seule dans mon cas, j'en ai connu beaucoup d'autres. On est rejeté par tout le monde on vit dans une pièce, sans chauffage, on n'a presque rien à manger, et on finit par ne plus arriver à payer son loyer... Bien sûr, il existe des institutions, des maisons de vieux, mais pour y entrer, il faut l'aide d'amis influents, et je n'en ai pas. Je connais des femmes qui sont dans la même situation – des dames de compagnie pauvres, sans métier – des êtres inutiles pour qui l'avenir est très sombre... Sa voix se brisa. «... Alors, reprit-elle après quelques secondes, nous nous sommes réunies, à quelques-unes, et j'ai eu cette idée, grâce à Auguste. Pour beaucoup de gens, tous les pékinois se ressemblent, comme les Chinois. En fait, c'est idiot. Celui qui les connaît bien ne pourrait pas confondre Auguste et Nanki Poo ou Shan Tung. D'abord, il est beaucoup plus intelligent et, ensuite, il est plus beau. Mais, pour en revenir à ce que je disais tout à l'heure, la plupart des gens, eux, ne font pas la différence. Alors, comme beaucoup de femmes riches possèdent des pékinois... Poirot eut un sourire amusé. — Votre machination a dû vous rapporter beaucoup d'argent ! Combien êtes-vous, dans votre «gang» ? Ou plutôt, combien d'opérations fructueuses avez-vous menées à bien ? — Shan Tung était le seizième, répondit Miss Carnaby avec beaucoup de naturel. (A suivre...)