Dilemme - Les pères de famille font face à une situation des plus délicates. Si certains font de petites économies tout au long de l'année pour pouvoir acquérir le mouton, d'autres sont contraints de mettre leurs enfants devant un choix difficile. Les dépenses sont énormes et les pères de famille sont appelés à faire de lourds sacrifices pour se procurer un mouton. Certains font de petites économies durant toute l'année pour célébrer cette fête religieuse comme il se doit. Mettre de côté une somme de 3 000 DA chaque mois permet d'acheter un mouton à 30 000 DA. Voilà la trouvaille de certains pères de famille rencontrés sur les lieux de vente du cheptel. «Il est vrai qu'il est difficile d'épargner une telle somme, mais je suis contraint de priver ma famille de certaines choses comme le dessert et la limonade. J'explique à ma femme et à mes enfants ce que je suis en train de préparer et ils acceptent. Grâce à cela, l'achat du mouton ne me pose aucun souci. J'ai donné l'idée à des amis et collègues de travail qui l'appliquent eux aussi», dit Rachid, la cinquantaine, rencontré dans un garage de vente de moutons à Zeghara. «Y a-t-il de beaux moutons qui coûtent entre 25 000 et 32 000 DA ?», a-t-il demandé au vendeur. Ce dernier lui montre un mouton à 31 000 DA. Après un petit moment de réflexion, Rachid accepte de l'acheter. «Mets-le de côté. Je le paye et je le prendrai la veille de l'Aïd», lui a-t-il dit. «Je ne veux pas perdre mon temps à me rendre dans les différents points de vente. Je sais que les prix sont les mêmes, alors j'achète ici car j'habite dans les environs. Je ne me casse pas trop la tête puisque cette somme est réservée exclusivement à l'achat du mouton», ajoute notre interlocuteur. D'autres simples salariés mettent leurs enfants devant deux choix : le mouton ou les vêtements. Il est , certes, difficile de convaincre un enfant de se passer de nouveaux vêtements le jour de l'Aïd, mais les parents sont contraints d'expliquer à leur progéniture que leur situation financière ne leur permet pas de satisfaire les deux envies. C'est le cas de Saïd, ce père de trois enfants, rencontré à Birtouta. Accompagné de l'un de ses enfants, notre interlocuteur a acheté un mouton à 28 000 DA. Tout heureux, le petit Lyes crie de joie : «Je n'ai pas besoin de jouets, ni de vêtements. Merci papa !». Saïd, employé à la Sntf, affirme avoir la conscience tranquille. «Mes enfants comprennent ma situation, bien qu'ils soient très jeunes. Je les ai habitués à prendre la bonne décision. Ils ont toujours choisi le mouton et c'est tant mieux», se félicite-t-il. C'est le cas de plusieurs citoyens rencontrés dans les points de vente. Avec la cherté de la vie et la flambée des prix, la fête de l'Aïd est devenue un fantôme pour les simples employés qui sont pris entre le devoir religieux, la joie des enfants et leur situation financière fragile.