, «Les éleveurs de mouton et les revendeurs font la loi ! C'est eux qui fixent les prix en fonction de leur humeur. Je me demande pourquoi l'Etat n'intervient pas pour mettre un terme à cette pratique qui pénalise uniquement les petites bourses ?» nous dira un père de famille. A quelques jours seulement de l'Aïd, les prix des moutons ne cessent de flamber ! Ce qui était à l'origine un sacrifice, se transforme, pour certains, en un cauchemar. Histoire de partager l'angoisse des familles à faible revenu en cette période de l'année, La NR s'est rendu à plusieurs points de vente de moutons dans la capitale. Notre première station fut la commune de Beni Messous. Sur place, des vendeurs de moutons «à la sauvette» se sont appropriés un terrain vague, sous l'œil des autorités locales, où ils proposent une panoplie des bêtes à des prix «astronomiques». A peine sorties d'un véhicule, deux jeunes gens viennent vanter les «nombreuses» qualités de leurs moutons. «Vous voulez acheter un bon mouton ? Suivez-nous, vous ne serez pas déçus. Nos moutons ont été élevés à Djelfa, ils n'ont pas été engraissés. Ils sont les meilleurs», nous a-t-on fait savoir. Mais à aucun moment, le vendeur ne fait allusion au prix de la marchandise. Questionné à ce sujet, il n'a qu'une seule phrase aux lèvres, «le prix, ce n'est pas un problème ! Choisissez un mouton, je vous le céderai à un très bon prix». Une fois votre choix effectué, c'est le couperet ! Ils sont cédés 30 000 DA pour les plus petits et jusqu'à 45 000 DA pour les plus grands. Un père de famille, venu avec ses deux enfants acheter le sacrifice de l'Aïd, nous a dit : «Je me demande pourquoi l'Etat n'intervient pas pour mettre un terme à cette pratique qui pénalise uniquement les petites bourses. Comment un père de famille peut-il s'offrir un mouton de 35 000 DA, alors que son salaire mensuel ne dépasse pas les 25 000 DA ?» Nous nous sommes rendus ensuite à El-Harrach. Les prix sont beaucoup moins chers. Les moutons sont proposés à des prix plus raisonnables ; ils varient entre 20 000 DA, pour le plus petit, et 37 000 DA pour le plus grand. La différence de prix entre les deux quartiers de l'Algérois, est due, selon un vendeur, à l'implantation du marché. «Si on propose des prix aussi élevés à El-Harrach, je suis sûr qu'aucun de nos moutons ne sera vendu», dit-il en souriant. Pour gagner quelques sous, des familles achètent leurs bêtes directement à la source. Selon Hicham, un jeune Algérois, «chaque année, je me rends avec quatre de mes amis à Djelfa pour choisir nos moutons, qui sont d'ailleurs de très bonne qualité. Un mouton qui coûte à Alger 40 000 DA, je le paie à Djelfa à seulement 32 000 DA». Ainsi, devant l'absence de contrôle de l'Etat, les vendeurs de moutons continuent d'imposer leur loi et s'enrichir sur le dos des petites bourses qui ne savent plus à quel saint se vouer.