A quelques jours de la fête de l'Aïd El-Kebir, les maquignons font reparler d'eux, en plaçant très haut la barre des prix du mouton du sacrifice. Les Relizanais, habitués aux humeurs changeantes de ces traditionnels maîtres du marché, se serrent la ceinture depuis plusieurs mois, pour pouvoir faire face à cette échéance religieuse. A quelques exceptions près, l'Aïd El-Adha 2009 ne devra guère différer des précédents et pour cause. La hausse des prix vertigineuse empêchera, une fois encore, de nombreuses familles de célébrer dignement l'évènement. Les traditionnels points de vente du cheptel créés dans la périphérie des grandes villes, ont refait leur apparition. Bon nombre de citoyens qui se rendent en ces lieux, espèrent y trouver la bonne occasion, mais retournent le plus souvent bredouilles. «C'est que les maquignons qui s'entendent comme larrons en foire, se sont déjà passés le mot, y compris avec les éleveurs, pour afficher les mêmes prix», remarque un citoyen résidant près d'un marché hebdomadaire tenu à Ammi Moussa. Que ce soit dans la majeure partie des marchés officiels ou improvisés, le constat est le même cette année: les prix atteignent les sommets, qu'on en juge: un Alouch (jeune mouton) était proposé à 18.000Da, une Naâdja (brebis) à 14.000. Quant au mouton adulte (3 ans), il atteint facilement les 30.000Da. Aussi, pour ne pas rentrer bredouilles et faire piètre figure devant leurs petits enfants, les fonctionnaires se sont rabattus sur des petits ovins ne pesant pas plus de 10 à 15kg de viande. Ceci, non sans débourser quelque 11.000Da minimum. «Depuis le début de la matinée, je n'arrête pas de tourner en rond et je ne sais plus quoi faire de mes 13.000Da, car ils ne me permettent plus de me procurer un mouton digne de ce nom», se plaint, au bord de l'agacement, un père de famille rencontré au marché hebdomadaire de Oued Lili. Selon un boucher habitué des abattoirs, les smasria (intermédiaires) et autres spéculateurs d'occasion seraient à l'origine de cette hausse des prix. Pour lui, «les transactions entre éleveurs et intermédiaires ou autres spéculateurs se font discrètement à l'intérieur même du marché. Autrement dit, le mouton cédé de main en main, change de prix en quelques minutes», affirme notre interlocuteur. Les accusés lui rétorquent, en imputant cette hausse aux frais d'élevage, en invoquant «la cherté des aliments du bétail». Un argument peu convaincant s'il en est, car les habitués affirment de leur côté, que cette hausse était attendue depuis les fortes précipitations de l'hiver passé, sachant que l'éleveur n'est obligé de brader son cheptel qu'en cas de sécheresse, ce qui n'a guère été le cas durant l'année en cours. Ce sera peut-être pour l'année prochaine… Toujours est-il que nombreux sont les citoyens qui préfèrent acheter leur mouton au dernier moment, suite à l'afflux attendu des éleveurs du sud et qui contribuera certainement à ramener les prix à un niveau raisonnable. Enfin, d'autres pères de famille préfèrent s'adresser aux petits éleveurs, qui allient leurs activités agricoles à celle de l'élevage ovin dans les nombreuses fermes exploitées dans les communes relevant de la wilaya de Relizane.