Paradoxe - Alors qu'on parle de meilleure prise en charge du diabétique pour éviter les complications dont les amputations et les décès, certaines maisons de diabétiques chargées de prise en charge sociale et sanitaire des malades, sont fermées. A quelques jours de la célébration de la Journée mondiale du diabète qui coïncide avec le 14 novembre de chaque année, le président de la Fédération algérienne des associations de diabétiques, Noredine Boucetta, a exprimé, hier, son insatisfaction quant à la prise en charge du diabétique bien que l'Etat ait mis le paquet (moyens humains et dernières innovations thérapeutiques au même niveau que beaucoup de pays développés mais gratuits chez nous). Notre interlocuteur que nous avons abordé en marge d'une conférence de presse sur le lancement officiel d'un nouveau programme dit «conversations sur le diabète», par le laboratoire Eli Lilly Algérie, nous a expliqué que dans la majorité des wilayas, la maison des diabétiques est inexistante. «Pourtant une décision ministérielle (10/2007) stipule l'ouverture d'une maison du diabétique pour les 48 wilayas, voire pour les grandes agglomérations (daïra, commune si le nombre de diabétiques est très élevé)». En réponse à notre question sur le nombre de maisons de diabétiques en Algérie, M. Boucetta nous a répondu : «On dit qu'il y a des maisons de diabétiques. Mais sur le terrain, elles ne dépassent pas les 25 à 30 maisons à l'échelle nationale. Certaines ont réellement ouvert et activé mais peu de temps après, elles ne sont plus fonctionnelles. On s'interroge sur leur fermeture. Est-ce faute de spécialistes ? de moyens ou autres ?». M. Boucetta se dit désolé de voir certains démentir le nombre de 3 millions de diabétiques existant chez nous. «Quand on parle de plus de 8 millions d'hypertendus, personne ne réagit. Mais lorsqu'on avance le chiffre de 3 millions de diabétiques, certains démentent», s'étonne-t-il, en assurant que le nombre réel dépasse les 3 millions «dont 30% n'ont pas de couverture sociale et souffrent plus des complications du diabète qui ont pris une cadence effarante et effrayante en Algérie dont les amputations, la cécité, l'insuffisance rénale, les problèmes cardiaques». Et là, le même intervenant lance un appel aux ministères de la Solidarité, de la Santé et du Travail pour agir et trouver des solutions pour la prise en charge de ces patients qui coûtent cher à l'Etat. Il a même appelé à ce que l'allocation forfaitaire de solidarité puisse permettre à ses bénéficiaires diabétiques, l'accès à la carte Chifa et à la gratuité du traitement. Le Pr Aïssa Boudiba, chef du service de diabétologie au CHU Mustapha-Pacha ,nous a dit, pour sa part, que le nombre de diabétiques est de plus en plus important, ce qui rend la prise en charge plus difficile. «Parfois les rendez-vous tardent. Le diabétique ne doit pas forcément être suivi dans une maison de diabétiques. Il peut être pris en charge chez son médecin traitant ou le généraliste au niveau des centres de santé qui doivent être rentabilisés. Il faut aussi former le médecin généraliste au diabète», a-t-il souligné .