Evidence - Le président de la République italienne Giorgio Napolitano a entamé ce dimanche des consultations politiques pour désigner un chef du gouvernement, qui devrait sauf surprise, échoir à l'ex-commissaire européen Mario Monti. Mario Monti, 68 ans, désigné mercredi sénateur à vie et reçu, hier, à déjeuner pendant deux longues heures par le Cavaliere, est quasiment assuré d'être adoubé par Giorgio Napolitano. Il a déjà reçu le soutien de la directrice du FMI Christine Lagarde et a eu un entretien, hier, samedi, avec le nouveau directeur de la Banque centrale européenne, son compatriote Mario Draghi. A l'exception des populistes de la Ligue du Nord et d'irréductibles du parti de Silvio Berlusconi refusant de participer à un gouvernement ouvert à la gauche, tous les partis affichent leur soutien à un gouvernement chargé de prendre les mesures nécessaires pour éviter à l'Italie l'asphyxie financière. Les sites d'information italiens multipliaient, hier soir, les scénarios sur les noms des futurs titulaires des différents ministères, qui feront sans aucun doute l'objet de subtils arbitrages et compromis entre les différents partis soutenant le gouvernement. Malgré sa démission sous les quolibets, le Cavaliere n'a pas baissé les bras et compte bien monnayer au prix fort son soutien à Mario Monti : «Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons», a-t-il confié à ses proches. M. Monti aura la lourde tâche de sortir l'Italie de la crise, en imposant aux Italiens de se serrer encore la ceinture et en adoptant d'autres réformes urgentes pour relancer l'économie, jugent des économistes. Le Parlement a entériné, hier, samedi, avant la démission de M. Berlusconi, de premières mesures anti-crise (cessions d'actifs publics, libéralisations, simplifications administratives...) promises pour réduire la dette colossale (1 900 milliards d'euros, 120% du PIB) et relancer la croissance mais elles ne répondent que «partiellement» à l'urgence de la situation, jugent les spécialistes. «Mario Monti va donc devoir accomplir rapidement deux ou trois réformes d'importance car les investisseurs ont besoin de quelque chose de fort» alors que les taux d'emprunt de l'Italie ont atteint cette semaine un niveau insoutenable, renchérit Tito Boeri de l'Université Bocconi de Milan. Demain, lundi, un nouveau test de la confiance des marchés aura lieu avec une émission obligataire. L'un des premiers chantiers devrait être la réforme du système de retraites. L'âge des «pensions de vieillesse» doit passer à 67 ans en 2026, mais la Ligue du Nord a empêché Silvio Berlusconi de toucher aux «pensions d'ancienneté» qui permettent de partir à n'importe quel âge avec 40 ans de cotisations, alors que l'UE le réclame. M. Monti devra aussi certainement se résoudre à un nouveau tour de vis budgétaire – comme le demande l'UE, qui surveille l'Italie avec le FMI et la BCE. Car selon les dernières prévisions de Bruxelles, Rome ne réussira pas, à cause d'une croissance au point mort, à tenir son objectif d'équilibre budgétaire en 2013 malgré les mesures d'austérité draconiennes adoptées ces derniers mois.