Pressée par le FMI d'accélérer "une clarification politique", l'Italie, au bord de l'asphyxie, presse le pas pour former un gouvernement crédible avec le nom de l'ex-commissaire européen Mario Monti sur toutes les lèvres pour diriger le nouvel exécutif. Menacée d'être emportée à son tour par la crise de la dette, l'Italie a dû payer des taux record, avant-hier, lors de son premier test sur les marchés après l'annonce du départ de Silvio Berlusconi mais la demande est restée élevée, ce qui a rassuré les investisseurs. Tour à tour, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et la chancelière allemande Angela Merkel ont réclamé une "clarification politique", alors qu'une contagion de la crise de la dette à l'Italie fait trembler l'ensemble de la planète. "Il est très important que la question du gouvernement en Italie soit clarifiée" afin de "restaurer la crédibilité" du pays, a déclaré Mme Merkel, selon laquelle Rome est "sur la bonne voie". De fait, le message du FMI, des marchés et de l'Union européenne a été reçu cinq sur cinq à Rome où le président de la République, Giorgo Napolitano, personnalité unanimement respectée en Italie, a accéléré le processus politique, dérogeant à toutes les règles jusqu'à présent en vigueur. "L'Italie fait face à des passages difficiles et à des choix particulièrement délicats pour surmonter la crise. L'Europe attend avec urgence des signaux importants. Nous serons à la hauteur de la tâche", a-t-il déclaré solennellement. Grâce à l'intervention du chef de l'Etat, le Parlement italien, réputé pour sa lenteur, adoptera en un temps record les mesures budgétaires et les réformes structurelles promises à l'Union européenne: premier vote attendu vendredi au Sénat, feu vert définitif à la Chambre des députés samedi ou dimanche au plus tard. Silvio Berlusconi remettra aussitôt sa démission et M. Napolitano pourrait nommer quasiment dans la foulée l'ex-commissaire européen Mario Monti. La nomination de cet ex-commissaire européen, économiste respecté de 68 ans, vise à rétablir la crédibilité fortement entamée du gouvernement italien. Reste toutefois pour le chef de l'Etat à s'assurer qu'il disposera d'une majorité suffisante pour mener à bien sa tâche. M. Berlusconi a apporté son soutien personnel à M. Monti en lui souhaitant dans un message "un travail fructueux dans l'intérêt du pays", mais il doit encore convaincre son propre parti du bien-fondé de sa position, certains irréductibles réclamants des élections anticipées. La Ligue du Nord, son allié clé, a déjà annoncé qu'elle ne soutiendrait pas le gouvernement de M. Monti. Le profil de ce dernier plaît aux marchés et la perspective de sa nomination tirait la Bourse de Milan qui prenait 2,26% dans la journée. Les investisseurs étaient aussi rassurés par le fait que le Trésor a réussi, malgré le bond des taux à un an à plus de 6% contre 3,5% il y un mois, à lever 5 milliards d'euros comme il l'entendait grâce à une demande élevée. Le soulagement des marchés entraînait la détente des taux italiens dans leur ensemble. En milieu d'après-midi, les taux à dix ans étaient sous la barre des 7%, un seuil fatidique franchi mercredi qui est considéré comme insoutenable sur la durée, étant donné la taille colossale de la dette italienne (1.900 milliards d'euros, 120% du PIB). Mauvaise nouvelle sur le front macroéconomique en revanche, la production industrielle a chuté plus que prévu en septembre, alimentant les craintes de stagnation ou de récession de l'économie italienne. Des craintes que Bruxelles a confirmées en annonçant que, selon ses dernières prévisions, l'Italie allait connaître une stagnation de son Produit intérieur brut en 2012 (+0,1%), ce qui rendra beaucoup plus difficile l'assainissement des finances publiques. Le président Napolitano parle avec Obama, reçoit Monti Le président italien Giorgio Napolitano a eu, avant-hier soir, une conversation téléphonique avec son homologue américain Barack Obama, qui lui a exprimé sa confiance, après l'annonce de la démission de Silvio Berlusconi, puis reçu l'économiste Mario Monti, favori pour lui succéder. Selon un communiqué du Quirinal, siège de la présidence, le président américain a voulu être mis au courant des derniers développements, dans le contexte des grandes tensions sur les marchés internationaux. Au cours de la conversation, M. Obama a exprimé sa confiance quant au leadership du président Napolitano pour installer un gouvernement de transition qui mettra en œuvre un programme de réforme offensif et rétablira la confiance des marchés, a indiqué à Washington le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. M. Carney a souligné que la discussion avait été dominée par la situation politique en Italie, alors que la démission du Cavaliere est désormais attendue dès ce week-end. De son côté, l'ex-commissaire européen Mario Monti, qui fait figure de favori comme prochain président du Conseil à la tête d'un gouvernement de transition, a été reçu dans la soirée par le président Napolitano. Pressée par le Fonds monétaire international (FMI) d'accélérer une clarification politique, l'Italie presse le pas pour former un gouvernement crédible. La troisième économie de la zone euro est menacée d'être emportée à son tour par la crise de la dette. Elle a dû payer des taux record, avant-hier, lors de son premier test sur les marchés après l'annonce du départ de Silvio Berlusconi mais la demande est restée élevée, ce qui a rassuré les investisseurs. Le Sénat italien va se prononcer sur les réformes promises à l'UE Le Sénat italien devait adopter, hier, un plan promis à l'Union européenne pour réduire la dette et relancer la croissance, dans une course effrénée pour rassurer les marchés, avant le départ de Silvio Berlusconi. Mario Monti est pressenti pour lui succéder. Les sénateurs se sont retrouvés en assemblée plénière à 10h30 GMT pour un vote dans la journée, et pour la première fois, l'ex-commissaire européen Mario Monti pressenti pour succéder à Berlusconi, a pris place parmi eux, après sa nomination, mercredi dernier, comme sénateur à vie. Les parlementaires ont chaleureusement applaudi M. Monti au début de la session. Les marchés continuaient de parier sur la désignation rapide de "Super Mario" à la tête d'un gouvernement de transition sans doute dès demain, par le président de la République Giorgio Napolitano, après la démission de M. Berlusconi probablement aujourd'hui.