Symbole - L'esplanade de la Centrale syndicale Ugta est devenue le point de chute des protestations des travailleurs. Cette fois, ce sont seize syndicalistes du secteur des douanes qui observent une grève de la faim, dont deux malades chroniques. Après plus de sept mois de lutte acharnée pour faire valoir les droits des travailleurs qu'ils représentent et faire obstacle aux atteintes au droit syndical dont ils disent faire l'objet «de la part du directeur général des douanes avec la complicité du secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des douanes (Fntd/Ugta)» sans succès, seize syndicalistes de la coordination nationale des travailleurs des douanes observent depuis dimanche une grève de la faim sur l'esplanade Abdelhak-Benhamouda de la Centrale syndicale de l'Ugta. Ces syndicalistes venus d'Alger, de Ouargla, de Oran et de Boumerdès, en observant cette grève de la faim, tirent la sonnette d'alarme sur les maux qui gangrènent ce secteur stratégique qui a souvent fait l'objet de nombreux scandales rapportés par la presse nationale. Hier, plus de 200 douaniers sont venus en signe de solidarité crier leur colère. «Non à la hogra et au despotisme ! Non aux atteintes des libertés syndicales», étaient les mots d'ordre de ce rassemblement. Ce conflit a éclaté lorsque les représentants de la coordination nationale des travailleurs des douanes ont déposé une plateforme de revendications au niveau de la direction générale. «Au lieu de se mettre autour d'une table de négociation, le directeur général se fait assister par le secrétaire général de la Fntd pour poignarder le syndicat et les douaniers», nous dit Belkacem Cherafa, porte-parole des grévistes. Selon notre interlocuteur, «le terrorisme administratif et l'opportunisme syndical s'associent pour suspendre arbitrairement des syndicalistes pour leurs activités syndicales». Le pourrissement de l'atmosphère se poursuit, «après un retrait de confiance au secrétaire général de la fédération qui s'est associée avec l'administration contre les intérêts des travailleurs et du mouvement syndical, le SG s'acharne encore plus. Il suspend 11 membres du conseil national et 4 membres du syndicat national des douanes». C'est la goutte qui fait déborder le vase. La colère se propage à travers le territoire national. Plusieurs sections syndicales crient au complot contre les travailleurs du secteur. Au lieu de calmer les esprits, l'administration revient de nouveau à la charge. Elle prend en contradiction des textes portant sur le droit des activités syndicales et des statuts de l'Ugta à la mutation d'office hors wilaya. «Si la fédération transgresse les statuts de l'organisation, l'administration bafoue les textes de la République et ceux de l'Ugta», nous dit le porte-parole des grévistes. Le conflit semble prendre des proportions alarmantes. «Nous irons jusqu'au bout de notre lutte, quitte à laisser nos vies sur cette esplanade», conclut M. Cherafa qui nous annonce qu'un «rassemblement national des douaniers est prévu dans les prochains jours au même endroit. Grève nationale à l'horizon La situation risque de devenir beaucoup plus explosive dans les prochains jours, si les responsables en charge de ce dossier n'arrivent pas à un compromis avec les parties en conflit. «Dans les prochains jours nous allons observer une grève nationale qui va bloquer l'ensemble de l'activité des douanes sur le territoire national jusqu'aux frontières», avertit M. Teggar, membre du Syndicat national des travailleurs des douanes. «Ce jour-là, nous verrons qui est représentatif de la base entre notre instance syndicale et la fédération», ajoute encore notre interlocuteur. Les conditions sine qua non des frondeurs, se résument à «l'annulation des décisions anti-réglementaires portant sur les licenciements, les suspensions et les mutations prononcés à l'égard des syndicalistes», elles portent également sur «l'annulation de toutes les décisions prises à l'encontre des membres du conseil national du syndicat des douanes, la cessation des ingérences de l'administration dans les activités syndicales, la cessation des menaces à l'encontre des sections syndicales de base et des travailleurs», explique, pour sa part, le porte-parole des grévistes, Belkacem Cherafa. Sidi Saïd : «Moi j'agis, je ne parle pas» Le secrétaire général de la Centrale syndicale Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd que nous avons contacté pour avoir ses impressions sur le conflit qui oppose le directeur général des douanes et le secrétaire général de la Fédération des travailleurs des douanes aux grévistes de la faim, tous membres du Syndicat national, s'est limité à nous dire : «Moi j'agis, je ne parle pas.» Malgré notre insistance pour connaître sa position et ses intentions, le premier responsable de l'Ugta entouré de sa garde rapprochée et certains membres du secrétariat national de l'Ugta, n'a pas voulu ajouter autre chose que cette phrase : «Il n'est pas de mes habitudes de parler, j'agis.» Nous n'en saurons pas plus et nous ne sommes pas plus avancés sur ce que le SG de l'Ugta projette comme «actions». Par ailleurs nous avons tenté de joindre le directeur général des douanes. En vain. Même son attaché de la communication était injoignable et tous les bureaux de la Fntd étaient fermés.