Imbroglio - Vérités et contrevérités, accusations et contre-accusations, rupture de dialogue, grèves et sit-in, licenciements, des affaires en justice, c'est le quotidien des travailleurs de l'Aurassi. C'est d'ailleurs, plus d'une cinquantaine de travailleurs qui observent depuis plus d'un mois, sur l'esplanade de la Centrale Ugta, un sit-in pour dénoncer «l'injustice» et alerter l'opinion publique. Les élus syndicaux et un groupe de travailleurs parlent de rupture de dialogue avec l'administration qui use «d'autoritarisme» et les femmes «de harcèlement moral». Une situation rocambolesque qui risque de laisser des traces indélébiles sur ce géant de l'hôtellerie en Algérie. La genèse de ce conflit remonte au 5 mai 2011 lorsqu'un nouveau Conseil syndical a été élu démocratiquement par plus de 400 travailleurs sur un effectif de 600 salariés. Un conseil syndical sort des urnes et refuse d'être à «la botte» de l'administration, pour reprendre l'expression du secrétaire général du Conseil syndical. Sans plus tarder, le conseil syndical élabore une plateforme de revendications, dont le point le plus important : revoir la situation administrative des travailleurs. Au lieu de répondre positivement, «l'administration refuse le dialogue et procède à la suspension de 70 travailleurs», explique Nourredine Akkou, secrétaire général du Conseil syndical. C'est la goutte qui fait déborder le vase, la direction refuse même la tenue d'une assemblée générale des travailleurs. La colère des élus des travailleurs monte d'un cran. «œil pour œil, dent pour dent», c'est la loi adoptée par les uns et les autres. C'est le pourrissement de la situation, la rupture de dialogue est bel et bien consommée. Les instances syndicales et l'Inspection du travail interviennent, sans résultat aucun. Au contraire, c'est la suspicion qui s'installe. Les sit-in de protestation et les grèves deviennent la seule arme d'un syndicat soutenu par ses pairs de la zone industrielle de Rouiba. Pour Noureddine Akkou, secrétaire général du Conseil syndical et porte-parole des travailleurs frondeurs, la situation au niveau de cette structure hôtelière «est vraiment explosive. Il y a un risque énorme sur la stabilité et le devenir de l'ensemble des travailleurs qui vivent sous la hantise d'une administration autoritariste», dit-il en préambule à notre entretien qui a duré plus de cinq heures. Selon notre interlocuteur, «la direction de l'établissement doit reconnaître que nous sommes un partenaire social représentatif, élu démocratiquement par une majorité écrasante du personnel et se mettre à table pour négocier les problèmes des travailleurs que l'ancien Conseil syndical n'a jamais pris en charge». Certains cadres dirigeants sont également dans la ligne de mire du représentant des travailleurs. «Le mal de l'entreprise, c'est aussi ces cadres dirigeants retraités, qui conseillent mal le Président-Directeur Général de notre établissement. «Depuis notre prise de fonction, nous n'avons jamais cessé d'appeler au dialogue pour faire baisser la tension, discuter des véritables problèmes des travailleurs et de l'établissement, malheureusement, ce fut peine perdue». Le Conseil syndical lui adresse un courrier en date du 16 juin 2011 pour une séance de travail. La réponse se fait toujours attendre. Devant le mutisme de l'administration, les travailleurs observent en date du 06 septembre 2011 un arrêt de travail de deux heures, et ce, après avoir adressé à la direction un préavis en date du 4 septembre 2011. Un rapport est adressé au premier responsable de cet établissement hôtelier le jour même de la protestation. Dans ce courrier, les élus des travailleurs informent le P-DG des pressions et des harcèlements moraux que subissent les travailleurs et le Conseil syndical. La fermeture totale de tous les canaux d'expression, le refus de permettre la tenue d'une assemblée générale des travailleurs et même une simple réunion du Conseil syndical, les innombrables sanctions arbitraires prononcées contre plusieurs travailleurs, l'opposition à l'exercice du droit syndical, les affichages déchirés, l'empêchement des travailleurs de se rendre au bureau syndical même en dehors des heures de travail et les intimidations à l'adresse des élus, sont les principaux points soulevés.