Nadir Sedrati, jugé en appel par la cour d'assises de Moselle pour l'assassinat de trois anciens codétenus dont il aurait découpé et jeté les cadavres dans un canal, a été condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Les jurés ont suivi, au terme de sept jours de procès, les réquisitions de l'avocat général. Lors de son premier jugement par la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle il y a un an (mai 2003), Nadir Sedrati, 65 ans, avait aussi écopé de la réclusion à perpétuité, mais d'une peine de sûreté un peu moindre : 20 ans. La défense, insistant sur les zones d'ombre du dossier, avait plaidé l'acquittement. Son avocat, Me Alexandre Bouthier, a indiqué qu'il allait se pourvoir en cassation, en se basant sur les motivations d'un refus de la cour de donner acte de la déposition d'un témoin. Au total, 22 morceaux de corps humains ont été repêchés durant une enquête entamée il y a quatre ans exactement et au cours de laquelle un puits de mine a été sondé et une portion de canal vidangée. Nadir Sedrati s'est lui-même déclaré escroc mais «pas assassin». Né en France de parents algériens, placé à 6 ans en orphelinat, Sedrati, personnage plein de gouaille, déjà l?objet de 17 condamnations pour contrefaçons de chèques et autres usurpations d'identité, était accusé d'avoir tué, dépecé et jeté dans un canal trois anciens codétenus pour prendre leurs biens et leur identité. Les restes de deux corps, ceux de Hans Gassen, un ancien légionnaire allemand condamné pour escroquerie, et de Gérard Steil, un Strasbourgeois délinquant sexuel, ont été repêchés dans le canal de la Marne-au-Rhin entre mai et novembre 1999. Aucune trace n'a été retrouvée d'un troisième homme, Norbert Ronfort, disparu en juillet de la même année. Tous ces morceaux humains portaient des traces de cyanure, a rappelé l'avocat général, Claude Chevalier, en quantité toutefois insuffisante pour prouver l'empoisonnement bien qu'un bocal de cyanure ait été retrouvé dans un appartement loué par Sedrati à Laxou, dans la banlieue de Nancy. Les explications avancées concernant la présence chez Sedrati d'un broyeur grand modèle tout neuf ont plus particulièrement laissé sceptique le magistrat. L'accusé a assuré qu'il s'était équipé de cet engin pour le compte de complices, grands trafiquants de drogue internationaux, qui allaient y broyer des feuilles de coca fraîches. Selon les enquêteurs, il devait servir, sans grand succès technique d'ailleurs, à faire disparaître les corps de ses victimes. Les avocats de Sedrati ont défendu le scénario du trafic de drogue qui aurait été orchestré par un compère du disparu Gassen, Hans Muller, un Allemand mis hors de cause par les enquêteurs et apparu comme témoin à la barre. Les avocats de la défense ont regretté qu'un témoin ? une femme affirmant l'avoir côtoyé après 1999 dans le sud de la France mais qui est actuellement en prison ?, n'ait pu venir à la barre pour en attester.