Contexte - Un des symboles de l'histoire contemporaine de l'Algérie, qui avait été «déporté» par l'armée coloniale en 1830, devait être restitué en 1962, en vertu des conventions signées entre les deux pays. Mais l'ex-puissance coloniale n'a pas respecté ses engagements et tarde à rendre ce canon à l'Algérie après environ cinquante années de l'indépendance. Des personnalités nationales avaient entamé des démarches pour sa restitution depuis de longues années et la réponse des autorités françaises n'a pas changé : des promesses et engagements sans effet concret. Lasses d'attendre, ces personnalités ont créé un comité national pour la restitution du canon Baba Merzoug et compte intensifier les démarches afin de faire revenir ce symbole de la nation avant la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays (juillet 2012). «Nous n'allons pas nous taire devant les dépassements de la France qui n'a pas respecté les conventions relatives à la restitution des objets de patrimoine historique. L'Algérie a rendu plus de 160 statues à la France, mais le canon Baba Merzoug demeure toujours prisonnier en France et est exposé à une dégradation constante», a déclaré, hier, Fatiha Benbrahem, présidente du comité, lors d'une conférence organisée au siège du journal El Moudjahid. Le comité, a-t-elle affirmé, compte des centaines de citoyens algériens établis aussi bien en Algérie qu'à l'étranger et aussi des personnalités étrangères. Le chercheur Belkacem Babaci, un des membres fondateurs du comité, a estimé qu'il appartient aux autorités algériennes de faire pression pour faire revenir le fameux canon. Il ajoute que des personnalités françaises, ministres, députés, présidents d'assemblées locales ont toujours affiché leur disponibilité à le restituer à l'Algérie. «Le canon Baba Merzoug se trouve, depuis 1833, dans la ville de Brest. Il est érigé en colonne dans la cour d'Arsenal au niveau du port. Le maire de Brest m'a fait part de son souhait de libérer ce symbole d'histoire de l'Algérie. Des ministres français, des députés et des hauts responsables que j'ai rencontrés ont tous été du même avis, mais le passage à l'action tarde à venir», regrette-t-il. M. Babaci a édité un livre sur Baba Merzoug et l'a offert à des responsables français et algériens afin de les sensibiliser sur la valeur historique et symbolique du fameux canon. Le canon Baba Merzoug a été fondu en 1542 par un vénitien, mesure 6,25 mètres, et était considéré comme le plus puissant à l'époque avec une portée de 4 800 mètres.