Résumé de la 2e partie - La police étant intervenue rapidement, le 631e crime commis dans la 108e avenue ne restera, peut-être, pas impuni... Le lendemain, on assiste à un véritable débarquement de forces policières dans la 108e rue et ses alentours. Devant une telle démonstration de fermeté, chacun comprend que c'est sérieux. Et les langues se délient, car les témoins sont nombreux. — C'est Robert Sandifer qui a tiré. On l'a vu... — Sandifer ? Vous êtes sûr ? Il n'a que onze ans ! — Sûr et certain. Ses chefs étaient là aussi. Mais eux, on ne les a pas vus. — Et vous avez une idée de l'endroit où il peut être, Sandifer ? — Ça, c'est le genre de chose que personne ne peut savoir... Si la police a réagi immédiatement au nom de Robert Sandifer, c'est qu'elle le connaît bien. Malgré son âge, il a déjà un lourd passé. Il a fait sa première fugue à huit ans, il a commis son premier vol à neuf et sa première attaque à main armée à dix. Il a été arrêté onze fois, mais relâché après quelques jours de détention dans un centre pour mineurs. Il a pour signe particulier un tatouage sur le bras droit : I love Mommy, c'est-à-dire : «J'aime M'man.» Cet amour qu'il porte à sa mère n'est pourtant pas si évident que cela. Il est son second enfant. Elle a eu son premier à quinze ans, de père inconnu. Robert lui est venu à dix-huit, également de père inconnu. C'est une coutume dans le South Side. Les jeunes filles noires se font faire des enfants. C'est leur seule possibilité de revenus si elles ne veulent pas se livrer à la prostitution. A chaque naissance, en effet, elles touchent un chèque de l'Assistance publique. Dans le cas de Robert, sa mère l'a eu certainement pour l'argent et non par envie de maternité. Car, si elle s'est occupée de lui, c'est de manière bien particulière ! A trois ans il lui a été retiré par les services municipaux : il portait des traces de brûlures de cigarettes dans le cou, les épaules et les jambes. Il a été confié à sa grand-mère, qui n'avait ni le temps ni l'autorité suffisants pour s'occuper de lui. A partir de là, l'engrenage habituel s'est engagé : d'abord la petite délinquance, jusqu'à ce qu'il se fasse recruter par un gang. Lorsque l'identité du tueur du terrain vague est connue du public, il se produit un déclic. Robert Sandifer, en raison de son extrême jeunesse, fait la une des journaux. Et pas seulement à Chicago : dans tous les Etats-Unis. Il devient le symbole du mal qui gangrène le pays... Les médias citent des chiffres effrayants : l'année précédente, en 1993, 301 enfants de dix à quatorze ans ont été arrêtés pour homicide et 351 en ont été victimes eux-mêmes. Ils rappellent des faits tout aussi alarmants. Lors de la même année 1993, un questionnaire national a été posé aux écoliers de neuf et dix ans ; à la question : «Qu'est-ce qui vous mettrait le plus en sécurité ?» la quasi-totalité ont répondu : «Une arme.» D'ailleurs, dans les quartiers difficiles, il y a des portiques de détection d'armes à l'entrée des écoles. (A suivre...)