Traquenard - Se faire attribuer un marché par l'Opgi de Tipaza pour construire des logements c'est facile, se faire payer ensuite, relève du miracle. Des dizaines d'entrepreneurs dans le secteur du bâtiment souffrent de l'insolvabilité de l'Opgi de Tipaza, d'autres ont déjà mis la clef sous le paillasson. «Il n'est pas difficile d'obtenir un ou même plusieurs marchés au niveau de l'Opgi de Tipaza. Mais pour se faire payer, cela relève du miracle», disent nos interlocuteurs, parmi les entrepreneurs qui défilent quotidiennement au niveau de la direction générale de cet Office. Pour mieux cerner la problématique de ce goulot d'étranglement qui étouffe beaucoup de petites et moyennes entreprises qui se plaignent de l'insolvabilité de cet Office, il est nécessaire de s'attarder sur les conditions d'attribution des marchés de réalisation de logements. «Les marchés sont en général remis à des entreprises dans le cadre de consultations restreintes. Cette procédure, du moins réglementaire, fait suite à des avis d'appels d'offres souvent infructueux, du fait de l'insolvabilité de l'Office chargé de construire des logements pour le compte du ministère de l'Habitat», rapportent plusieurs entrepreneurs des villes de Koléa et de Hadjout. Mais, c'est la technique usitée par la Direction des maîtres d'ouvrages (DMO) de cet Office qui irrite et met en difficulté les entreprises lorsqu'ils arrivent au stade des payements. Elles sont plus d'une soixantaine d'entreprises à vivre le «massacre» financier. Certaines ont disparu, abandonnant à leur sort plus de 2 500 travailleurs, d'autres, sont à l'agonie. «L'attribution des marchés s'effectue selon une technique qui va mettre l'entrepreneur dans des situations embarrassantes. L'intégralité des avis d'appel d'offres lancés par cet Office, sont souvent infructueux du fait que l'ensemble des entreprises refusent de collaborer avec l'Opgi de Tipaza», disent les entrepreneurs qui se sont regroupés lundi dernier pour réclamer la régularisation de leur situation administrative et financière. «Une fois le marché déclaré infructueux, il est attribué à des entreprises dans les couloirs. Ce sont des «agents» de la DMO qui se chargent d'épingler les entrepreneurs avides de travail. La magouille «du couloir de la mort» reste l'arme suprême de la DMO», disent plusieurs entrepreneurs de Hadjout. Une fois le «poisson» choisi par les rabatteurs, c'est le responsable de la DMO qui se charge de la sale besogne. Il cède le marché en utilisant une stratégie diabolique, l'avis d'appel d'offres restreint», disent aussi plusieurs entrepreneurs d'Alger, de Koléa et de Fouka. Comment ? «Une fois le marché attribué à une entreprise en catimini, le DMO pour faire en sorte de régulariser à son profit le dossier administratif, fait signer certains entrepreneurs qui lui sont acquis, des soumissions avec un montant plus élevé, faisant croire qu'elles avaient offert leur service. Une procédure de régularisation ou même les contrôleurs ne verront que du feu. L'opération devient réglementaire, malgré son fond de trafic», expliquent nos interlocuteurs. Un subterfuge qui continue de faire des vagues dans les rangs des petites et moyennes entreprises du secteur du bâtiment. «Les entreprises qui sont passées par ce procédé, passent par le couloir de la mort et signent automatiquement leur acte de décès», expliquent aussi deux entrepreneurs qui ont réalisé des logements pour le compte de l'Opgi au niveau de Fouka sans être payés. La dette cumulée de ces deux entreprises s'élève, selon eux, à plus de 7 milliards de centimes. Il s'agit en fait de deux entreprises qui ont mis la clef sous le paillasson et congédié plus de 150 travailleurs.