La ville de Fouka est aujourd'hui victime des conséquences néfastes de l'exode qui s'est accumulé depuis des décennies. C'est une ville qui vit sur un « volcan ». Le jour de la célébration du 44e anniversaire de l'Indépendance, les accès étaient tous jonchés de grosses pierres, paralysant la circulation des véhicules, alors que des jeunes exprimaient leurs mécontentements, en hurlant et lançant des projectiles contre les véhicules. Pour empêcher que cette situation ne dégénère, les éléments des services de sécurité ont rapidement mis en place leurs dispositifs à l'entrée de l'ensemble des axes pénétrants. « Il faut rebrousser chemin » Les gendarmes nous ont déconseillé d'emprunter les routes qui mènent vers la ville de Fouka. « Il y a des jeunes qui s'attaquent aux véhicules qui prennent le risque », nous dira un gendarme. « Tentez votre chance à partir de Koléa », ajoute-t-il. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres, nous traversons Koléa pour arriver sur les lieux, mais là également la route est entièrement revêtue de grosses pierres. « Il faut rebrousser chemin », nous explique un citoyen. « Il vous est impossible d'aller aujourd'hui à Fouka. Voyez-vous comment les jeunes sont en colère ? A cause de la mauvaise distribution d'un quota de logements. Les autorités ont préféré attribuer une grande partie des logements aux citoyens de Koléa, au lieu de satisfaire les demandes de ceux de Fouka », conclut-il. Le P/APC de Fouka contacté par nos soins nous informe qu'il avait mis en garde l'autorité de wilaya et de daïra sur les conséquences de leur décision, qui risque d'entraîner des troubles dans la ville. « Les citoyens de Fouka s'attendaient à un quota de 500 logements », déclare-t-il. « Le wali de Tipaza a décidé de leur attribuer 80 logements. Bien entendu, tout le monde n'est pas d'accord sur cette distribution des logements au profit des familles qui occupent les bidonvilles. Certaines familles de Fouka attendaient le logement depuis des années. Il est légitime qu'elles manifestent leur mécontentement. Une vingtaine d'associations locales ont signé des pétitions pour demander aux autorités de revenir sur leur décision. D'ailleurs, ce jeudi, nous avons une réunion avec le wali », enchaîne-t-il. Opération de recasement Le chef de daïra de Fouka tient avant tout à saluer le civisme et la sagesse des citoyens authentiques de la ville et les véritables responsables des quartiers de Fouka qui ne sont pas tombés dans le piège de la manipulation, autrement les dégâts auraient pu être dramatiques pour la localité. Agissant dans le cadre des dernières directives du président Bouteflika en matière d'éradication des habitations précaires et des bidonvilles, les autorités de la wilaya de Tipaza ont décidé de « nettoyer » un site qui chevauche les communes de Koléa et Fouka, plus précisément entre Kerkouba (Koléa) et l'ex-DAS Bendoumi (Fouka). Les logements ont été érigés à l'extrémité du territoire de la commune de Fouka. 245 logements prêts étaient destinés au recasement de 145 familles qui habitent à Kerkouba et de 100 familles qui vivent dans l'ex-DAS Bendoumi. L'opération de recasement de toutes ces familles était prévue pour le 9 juillet 2006. Le wali de Tipaza avait dégagé aussi deux quotas de 80 logements sociaux qui étaient destinés aux familles défavorisées des deux communes. Il avait ordonné aux commissions des deux daïras, Fouka et Koléa, de commencer à étudier les dossiers déjà déposés pour classer les familles selon les critères définis, en attendant la distribution d'un quota plus conséquent dépassant 150 logements sociaux déjà achevés qui iront aux familles de la commune de Fouka. Les séances de travail tenues au siège de la wilaya de Tipaza ne semblent pas avoir convaincu les élus et les représentants des associations de Fouka. « J'avais dit aux autorités de la wilaya d'étudier profondément votre décision afin que les familles de Fouka ne soient pas pénalisées », dira le P/APC de Fouka. Pendant ce temps, de longues files de voitures empruntent des routes pour essayer de contourner Fouka et rejoindre leur destination sans dégât.