Avis - Doter le médiateur familial des moyens nécessaires à sa fonction et éviter le recours systématique à la justice pourront enrayer et prévenir les conflits familiaux. Les travaux de la journée d'étude sur la médiation familiale, organisée hier mardi à Alger, ont permis de cerner l'importance de la prévention contre les conflits familiaux en vue d'éviter la dissension familiale et le recours à la justice. Mme Fatma Benbraham, avocate, n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme quant à l'ampleur que prend le divorce dans la société algérienne. Elle a souligné la nécessité de doter le médiateur familial des moyens nécessaires lui permettant d'intervenir de manière efficace dans la résolution des conflits au sein de la famille avant de recourir à la justice. Selon cette juriste, la médiation doit se faire à la demande de la famille en cas de conflit notamment entre les deux conjoints. Elle a appelé à l'ouverture de services spécialisés en médiation dont le siège sera près des mairies. Me Benbraham a préconisé également la nécessité de bénéficier de l'expérience, par exemple, du magistrat à la retraite en lui permettant de donner des cours aux concernés par la médiation dont notamment les imams et les psychologues. Elle a appelé par ailleurs à l'installation d'un groupe de travail pluridisciplinaire composé de spécialistes et de sages qui seront chargés du règlement des conflits familiaux à travers le dialogue. La juriste a souligné, par ailleurs, l'importance de la séparation entre les juges chargés de conciliation entre conjoints en cas de conflits et ceux chargés des affaires de divorce en cas d'échec de conciliation. De son côté, Mme Slimani Djamila, enseignante en psychologie et orthophonie, a mis l'accent sur le rôle de la famille en tant que «première école en matière d'éducation de l'enfant». Selon l'universitaire, l'environnement qui règne au sein de la famille et les valeurs familiales «constituent une référence lorsqu'il s'agit d'évaluer l'attitude des autres et nourrissent un sentiment d'appartenance», a-t-elle expliqué. Dans ce contexte, l'intervenante a plaidé en faveur de «la culture de réconciliation au sein de la famille en vue de préserver sa cohésion notamment en cas de différend entre les parents ou entre les parents et leurs enfants». «L'orientation familiale s'inscrit dans le cadre de la médiation directe ou indirecte menée en cas de conflit familial», a précisé encore Mme Slimani. Elle a plaidé pour la création d'instituts spécialisés chargés de former des encadreurs en matière d'orientation familiale dans le cadre de la médiation parallèlement à la création d'une instance spécialisée au niveau des tribunaux pour l'orientation des couples en instance de divorce. Divorces et violences : des chiffres effrayants Selon le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille, près de 165 000 divorces ont été enregistrés en Algérie pendant les trois dernières années. De 34 123 divorces en 2007, ce chiffre est passé à 49 839 en 2010. Détaillant ces données, le document du ministère fait état de 52 687 divorces par consentement mutuel des deux époux et 81 319 par la volonté de l'époux. Ce chiffre global comprend également, pour la même période, 15 226 divorces à la demande de l'épouse et 15 756 autres cas ont été recensés dans la catégorie du khol'a (demande de divorce par l'épouse). Par ailleurs, 4 203 jeunes filles et femmes (10-18 ans) ont été victimes de violences durant le premier semestre 2010 contre 9 010 durant l'année 2009. En outre, 1 085 femmes âgées de plus de 18 ans ont été victimes de violences durant le premier semestre 2010 contre 1 978 victimes durant l'année 2009.