Le 11 Décembre 1960, des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants ont investi les rues pour manifester leur rejet des déclarations de De Gaulle sur «l'Algérie française». Comme à son habitude, l'armée française n'a pas lésiné sur les moyens pour perpétrer un véritable massacre, faisant des milliers de morts et de blessés dont beaucoup d'enfants. Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour rendre justice à la mémoire des petits martyrs et réhabiliter dans leurs droits ceux qui ont survécu. «Ces enfants doivent bénéficier de tous les avantages d'un martyr. Leurs droits de chahid doivent être garantis», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse «sur les enfants de décembre», animée au forum d'El Moudjahid à l'occasion du 51e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960 et à l'occasion du 10 décembre, Journée mondiale des droits de l'homme. «Je suis très fière de ce qui s'est passé durant ces journées de Décembre 1960 car cela a permis à l'Algérie de faire un pas en avant en arrachant son indépendance, mais je suis malheureuse puisque nous n'avons pas la liste des enfants morts entre le 10 et le 13 décembre», a-t-elle affirmé, déplorant : «Nous n'avons pas le nombre exact de ces enfants qui ont été massacrés par des armes lourdes, alors que cela coïncidait avec le 10 décembre où il y a eu signature de la convention des droits de l'homme». La juriste n'entend pas baisser les bras pour autant. «Je saisirai par correspondance le ministère des Moudjahidine pour qu'il se penche sur cette question car il est temps de rendre justice à ces enfants martyrs, morts pour le pays.» Pour elle, «le statut juridique permettrait même aux enfants ayant survécu aux tueries de l'armée coloniale de bénéficier de tous leurs droits, à l'exemple de l'octroi d'une pension». Elle propose, à cet effet, de procéder au recensement de ces enfants durant cette période. Il faudrait également, propose-t-elle, encourager les étudiants à choisir ce sujet comme thème de thèse de fin d'études. Idem pour des recherches historiques. Sur cet événement historique exceptionnel, la conférencière a relaté le déroulement de certains faits datés, chronométrés rapportés par la presse de cette époque-là, par les témoignages des militants ainsi que par certains manifestants. Elle a évoqué longuement les scènes des émeutes du 11 Décembre face à la violente répression et les génocides perpétrés par l'armée française, en faisant un rappel historique. «Le peuple a voulu dire son mot. Le peuple a donné une leçon à l'armée française et l'étincelle a jailli de Belcourt. Des milliers d'enfants et de femmes sont sortis dans la rue en brandissant le drapeau algérien pour revendiquer une ‘'Algérie indépendante'', contre les déclarations de De Gaulle qui a infléchi sa politique en commençant à parlé d'une «Algérie Algérienne». Ce mouvement a grossi et s'est étendu à plusieurs autres quartiers populaires d'Alger notamment à Diar El-Mahçoul, El-Madania pour éclater à la Casbah, le fief des véritables organisations secrètes contre le colonialisme. «10 000 Algériens sont descendus vers la Casbah pour manifester en signe de soutien aux autres manifestants, au FLN et au GPRA pour l'indépendance de l'Algérie». Et c'est ainsi que face à cette mobilisation «l'armée française n'a pas hésité à ouvrir le feu sur des enfants et sur des femmes, faisant des milliers de morts et de blessés. Plusieurs enfants ont été lynchés sans le moindre scrupule ou humanisme, des manifestants ont été fusillés en groupe, des civils qui fuyaient les tirs ont été tués. La seule consigne donnée par l'armée est ‘'de nettoyer à la mitraillette''. Et même l'aviation s'y est mêlée», dénonce la juriste.