Vote - Médecin et farouche opposant de gauche au régime Ben Ali, Marzouki doit prêter serment ce matin. Dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), Moncef Marzouki 66 ans, a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants. Onze mois après la chute de Zine El Abidine Ben Ali chassé par le soulèvement populaire qui a donné ensuite naissance au «printemps arabe», Marzouki a fait part de son «formidable honneur» de devenir le Président «de la première République arabe libre». Bête noire du président déchu, ce défenseur des droits de l'Homme prendra ses quartiers au palais présidentiel de Carthage, avant de prêter serment sur le Coran devant la Constituante ce mardi matin. La première mission de Marzouki après sa prestation de serment sera de désigner un chef de gouvernement, qui doit être l'islamiste Hamadi Jebali, dont la future équipe doit obtenir la confiance de l'assemblée. L'hymne national a retenti dans l'hémicycle après son élection, alors que ses partisans criaient «fidélité aux martyrs de la révolution !» Costume gris, chemise blanche mais sans cravate comme toujours, Marzouki a remercié tous les députés. «Le message par lequel vous me dites nous t'aurons à l'oeil est bien reçu», a-t-il lancé en direction de l'opposition qui a voté blanc. En accédant à la magistrature suprême, le dirigeant du CPR, Moncef Marzouki, devra renoncer à toute responsabilité au sein de sa formation. Subtil et fin tacticien, cet opposant historique à Ben Ali, qui a vécu 10 années en exil en France, réalisera ainsi son rêve. Marzouki avait annoncé sa candidature à la présidence de la République trois jours après la chute, en janvier dernier, de l'ex-dirigeant. Il est réputé pour son intransigeance et ses talents de tribun, mais reste critiqué pour son alliance avec les islamistes d'Ennahda qui domineront le gouvernement. Quarante-quatre élus ont voté blanc pour marquer leur opposition aux pouvoirs jugés démesurés qui seront attribués au Premier ministre islamiste, au détriment de ceux du président élu, a expliqué Samir Bettaieb du Pôle démocrate moderniste (PDM, gauche). Neuf candidats à la présidence ne répondant aux critères ont été écartés. Marzouki devra jurer d'œuvrer à l'établissement d'un Etat de droit et de rester fidèle «à la mémoire des martyrs, aux sacrifices consentis par les Tunisiens au fil des générations, et aux objectifs de la révolution». Selon la Constitution provisoire votée samedi dernier par l'Assemblée constituante, le chef de l'Etat est le chef suprême des forces armées et définit la politique étrangère en concertation avec le Premier ministre. Il promulgue et publie les lois votées par la Constituante, nomme et révoque les hauts gradés et le Mufti (autorité religieuse), en concertation avec le chef du gouvernement. Il peut être démis de ses fonctions par deux-tiers au moins des élus. Son mandat devrait durer un an au moins jusqu'à la rédaction et l'adoption d'une Constitution définitive par l'Assemblée constituante et la tenue d'élections générales.