Résumé de la 3e partie - On dévoile l'identité des deux enfants assassins. Il s'agit de John V. et de Robert T. Ce matin-là, le tribunal de Bootle, devant lequel vont passer John V et Robert T., est en état de siège. Un imposant cordon de bobbies avec matraques essaie de tenir en respect une foule qui gronde. Car, malgré les appels au calme, notamment ceux des parents de James ; la tension est à son comble. On a même du mal à imaginer le vent de folie qui souffle sur l'Angleterre depuis le début du drame. Tandis que des milliers de bouquets de fleurs, d'animaux en peluche et de mets d'enfants sont déposés au supermarché où James a été enlevé et sur la voie ferrée où on a retrouvé son corps, des mères promènent leurs enfants en laisse comme des petits chiens, l'opinion traumatisée voit des meurtriers de dix ans partout. Et la classe poli-tique, dans un pays où la violence est un problème bien plus aigu qu'en France, ne fait rien pour inciter au calme. La grande majorité penche pour plus de sévérité, de répression. Le Premier ministre John Major déclare : «La société doit condamner un peu plus et comprendre un peu moins les criminels», et il appelle à «une croisade contre le crime». Le ministre de l'Intérieur qualifie les jeunes criminels des «sales petites bêtes». D'autres responsables réclament le rétablissement des maisons de correction et des châtiments corporels... Devant la chambre d'accusation du tribunal de Bootie, ce sont heureusement le calme et la séré-nité qui règnent, en cette matinée du 22 février 1993... Les trois juges : Mme Dale, MM. Dixon et Birkett, prennent place. Les accusés sont alors introduits dans la salle. Ils entrent dissimulés par les policiers et s'installent face à la barre d'où ils ne bougeront plus car on ne doit les voir que de dos. Seuls, d'ailleurs, cinq journalistes ont été autorisés à assister à l'audience. Le public, restreint et trié sur le volet, a dû subir avant d'arriver dans la salle de multiples fouilles. Les parents de James ne sont pas présents. Contrairement aux usages, le président ne pro-cède à aucun interrogatoire d'identité. Les noms des deux garçons seront tenus secrets, ainsi que leur adresse... De dos, comme ils sont, on peut constater que l'un est tout maigre et doit mesurer environ un mètre vingt ; l'autre est encore plus petit. Ils ne font même pas leurs dix ans! L'audience commence par la lecture des aveux de John V. et de Robert T., puis le procureur prend la parole pour demander leur inculpation pour tentative d'enlèvement, enlèvement et assassinat. Pendant son réquisitoire, on peut voir l'un des petite accusés bâiller et l'autre s'étirer. On leur donne alors la parole. Ils se disputent d'une voix boudeuse, ennuyée, comme s'il s'agissait de savoir lequel des deux a volé un pot de confitures. — C'est la faute à Robert, dit John. C'est lui qui a eu l'idée d'enlever un môme ! — C'est John qui a tué James, dit Robert. C'est pas moi ! Les débats sont clos. Ils ont duré en tout six minutes. Le président prend la parole. Conformé ment à la loi britannique, qui fixe à dix ans l'âge minimum pour être inculpé, il suit l'avis du procureur : John V. et Robert T. sont inculpés de tentative d'enlèvement, enlèvement et assassinat. Le président leur annonce qu'ils vont devoir attendre leur jugement dans une institution spécialisée. Ils y seront suivis par des psychiatres et comparaîtront devant le tribunal ultérieurement. Ils risquent la prison à vie. L'audience est levée. Les policiers reviennent entourer les deux garçonnets, qui ont un sursaut de surprise, comme s'ils semblaient brusquement comprendre qu'ils ne rentreront pas chez eux ce soir... Dehors, quand ils sortent dans un fourgon blindé, une foule énorme vocifère. Salauds ! Qu'on les tue ! (A suivre...)