Si en français et dans d'autres langues, le c?ur est le siège de l'amour, en Algérie, c?est le foie qui occupe cette fonction. C'est si vrai qu'en arabe comme en berbère, les mots «kabda» et «thassa» en viennent à désigner l'affection, la tendresse et, par extension, les êtres chers, plus particulièrement les enfants. D'une femme qui a perdu un enfant, on dit : «Tekwat elkebda taha» (son foie a été cautérisé). La même expression, avec le même sens, se retrouve en berbère : «Teqedh thasses.» En berbère comme en arabe, on dit «foie de poule» pour invoquer une «maman poule». «Kabda» et «thassa» signifient bien amour, mais ne s'accommodent pas à toutes les sauces de l'amour : le sentiment dont il est question est avant tout la tendresse, notamment l'amour maternel. Le mot ne s'emploie pas pour l'amour entre hommes et femmes qui, lui, se nomme «lh?ubb» ou, quand il s'agit de la passion, «lhwa», de l'arabe classique «al-hawa». Mais, évolution des temps, quand on déclare ses sentiments à son aimée, on lui dessine non pas un foie, mais...un c?ur ! Influence évidente d?autres langues, d'autres cultures... On utilise encore les mots «kabda» et «thassa» pour parler de pitié : pour dire qu'on a le c?ur dur, qu'on est impitoyable, on dit qu'on n'a pas de foie. Mais l'expression «ne pas avoir de foie» est ambiguë puisqu'elle peut signifier également «être peureux, trembler pour quelqu'un qu'on aime». Amour, tendresse, dureté, peur : les sentiments se mêlent dans cet organe vital?