Engagement - Le Conseil supérieur des forces armées a réaffirmé à plusieurs reprises que l'aboutissement des élections législatives constitue une preuve de son intention de remettre les rênes du pays à un pouvoir civil. C'est ce qu'a annoncé le gouvernement sur sa page Facebook hier, lundi. L'ancienne Assemblée avait été dissoute l'année dernière à la suite du soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak. Un marathon électoral qui ne s'est achevé qu'il y a quelques jours a porté sur le devant de la scène les principaux partis islamistes égyptiens qui ont remporté près des trois quarts des 498 sièges de l'Assemblée. Le premier acte de la nouvelle Assemblée, qui a tenu hier sa première session, a été d'élire son président, Saad al-Katatni, membre de la puissante confrérie des Frères musulmans dont le Parti de la liberté et de la justice (PLI) a remporté 47% des sièges de l'Assemblée. Saad al-Katatni, élu avec 399 voix par cette chambre qui compte au total 508 députés, a pris la parole pour assurer qu'il œuvrera pour une «Egypte démocratique et moderne» et pour le «respect de la liberté d'opinion». Ce scientifique de 59 ans, spécialiste de botanique médicale, est secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu des Frères musulmans dont il est depuis des années un des principaux cadres dirigeants. A l'extérieur du bâtiment, des centaines de sympathisants islamistes se sont réunis pour saluer un triomphe inimaginable il y a seulement un an, quand ils étaient confinés en marge de la vie politique par le régime de Hosni Moubarak. D'autres rassemblements, à l'initiative d'autres mouvements, se sont également formés au Caire pour réclamer la fin du pouvoir militaire qui a succédé à Moubarak, et demander au nouveau Parlement de consolider le cap de la démocratisation du pays et de la justice sociale. Les députés sont issus d'un scrutin marathon qui s'est déroulé par phases depuis la fin novembre dernier, dans le cadre d'un processus de marche vers la démocratie promis après la fin de 30 ans de règne de Moubarak. Les pouvoirs de l'Assemblée sont encore incertains, face à un exécutif contrôlé par un conseil militaire qui dirige par décrets et nomme le gouvernement civil chargé des affaires courantes, selon le PLI. « Comment pouvons-nous prêter serment alors que nous ne savons même pas si nous avons un système présidentiel ou parlementaire? », s'est interrogé un député. La séance s'est tenue dans une ambiance alternant solennité et confusion, la plupart des élus n'ayant aucune expérience parlementaire. Un député islamiste a été rappelé à l'ordre pour avoir évoqué « la loi de Dieu » dans son serment. D'autres, qui ont ajouté à leur serment la promesse de « protéger les objectifs de la révolution », se sont également vus rabrouer par le président de séance. Des députés soucieux de marquer leur distance avec le pouvoir des généraux ont par ailleurs siégé avec une écharpe jaune portant une inscription dénonçant le recours à la justice militaire pour juger des civils. Cette première session était organisée à deux jours du premier anniversaire du début de la révolte contre Moubarak.