Patrimoine n Propriété d'une duchesse française du XIXe siècle, le château de Raïs Hamidou, plastiqué par l'Organisation de l'armée secrète (OAS) à l'aube de l'indépendance, tombe en ruine jour après jour. Appelé communément «Le château hanté» depuis que cette organisation criminelle l'a transformé en centre de torture, il avait servi aussi d'école communale au cours de la période 1940-1960. Appelé aussi par certains «Kasr Bou Amar», ce joyau urbain, de par son architecture et son emplacement, fait littéralement saliver nombre d'artistes de différentes spécialités (plasticiens, écrivains, musiciens, poètes, dramaturges...) S'ils voient en cet édifice, malgré son état délabré et vétuste, l'endroit rêvé pour toutes sortes d'expressions artistiques, ils s'inquiètent du sort qui lui est réservé, alors même qu'il nécessite, comme dirait l'écrivain-journaliste Mustapha Benfodil, «un sérieux travail de confortement et de restauration, au moins pour la sécurité des gens». Et d'ajouter sous la forme d'une recommandation urgente : «Il serait bien dommage qu'une bâtisse aussi emblématique s'effondre et emporte un pan de notre mémoire urbaine.» A en croire les représentants de la commune de Raïs Hamidou, la restauration de ce château est inscrite dans le projet d'expansion touristique qui englobe toute la façade maritime de la région. L'objectif de ce projet est de transformer tout l'espace côtier, qui s'étend sur une superficie de 3 000 m2, en complexe touristique comportant hôtels, piscines, restaurants, parkings, aires de plaisance, etc. Le délai de réalisation est limité à 18 mois, mais la date de lancement des travaux demeure inconnue... Le jeune plasticien, Hacen Drici, dont la source d'inspiration est le patrimoine architectural, tente de faire revivre, à travers ses tableaux, des bâtisses endommagées par le temps. Le château en question ne le laisse pas indifférent au point de lui consacrer une toile intitulée Château abandonné qui rappelle à travers des traits et des formes, dessinés avec une touche contemporaine, la «carcasse» de cette vieille bâtisse. Il se demande pourquoi ce château est laissé à l'abandon, alors qu'il pourrait se transformer en un «haut lieu» de rencontres et d'expressions artistiques qui servirait à la fois de résidence d'artistes, d'espace d'exposition et de récitals musicaux. Mustapha Benfodil a osé «occuper», à l'été 2009, le temps d'un après-midi, ce château, pour y donner lecture d'une de ses pièces, Les Borgnes, dans le cadre d'une action libre, baptisée «Pièces détachées - Lectures sauvages» qui s'est tenue, par ailleurs, dans d'autres espaces dont le théâtre antique de Tipaza, la place des Martyrs ou encore le parking souterrain de Riadh El Feth. Il insiste que cette bâtisse, dans laquelle le célèbre groupe de rock algérien T34 avait tourné un de ses clips durant les années 1990 et à laquelle l'artiste Zineb Sedira avait consacré un important travail photographique, est «absolument magnifique et elle se prête parfaitement à des activités culturelles». R. L. / APS