Distinction - Sofia Djama, une jeune réalisatrice algérienne, a remporté deux prix au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand (France). C'est avec son film ‘Mollement un samedi matin', déjà projeté à Alger, qu'elle a obtenu le premier prix dans la catégorie œuvre de fiction de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), et le prix de l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (ACSE). ‘Mollement un samedi matin' est un film audacieux. Dans son film, Sofia Djama a eu le courage d'affronter en grand format les tabous de la société algérienne, des vérités enfouies et masquées. Elle raconte les fantasmes, les frustrations ainsi que les violences sociales. Elle raconte une société bloquée, insatisfaite. Le film de 26 minutes raconte l'histoire d'une jeune femme, Mayassa, victime d'un viol. L'originalité de ce viol, c'est que Mayassa se fait violer par un homme qui semble être impuissant. Le viol, voilà comment se déroule la trame de ce film aux accents dramatiques. A travers ce viol et notamment à travers les personnages qui sont présentés dans des situations excentriques, par moment comiques, la réalisatrice s'attarde sur ce besoin de visualiser la vie quotidienne : bus surchargés, ascenseurs d'immeubles en panne, plombier arnaqueur, vulgarités dans la rue, chauffeur de taxi filou...Cette vie de tous les jours résume la réalité de la société algérienne, à savoir le malaise social, la frustration, la complexité ou les contradictions des rapports. Une société plombée par des agressions matérielles et mentales permanentes.Ainsi, Sofia Djama s'emploie, à travers ce film, à parler des peines et de l'étouffement de la société algérienne.Ce film, entièrement tourné à Alger, en juin 2011, est une perspective réelle et très intéressante sur ce qui doit définitivement disparaître dans la société algérienne et dans toutes les sociétés où la femme est reléguée au second plan. En effet, ‘Mollement un samedi matin' raconte une société machiste où les réactions des hommes sont homogènes. Le commissaire à qui Mayassa s'est plainte ne reconnaît pas l'agression de la jeune fille. Un dialogue de sourds s'engage alors dans le bureau du commis de l'Etat au service du peuple. Peu importe, la victime ressort plus dépitée qu'à son arrivée.