Mollement samedi matin de la réalisatrice algérienne Sofia Djama a été le récipiendaire le 4 janvier dernier de deux prix au prestigeux Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. Pour son beau film traitant de la société algérienne et du mal-être de sa jeunesse, Sofia Djama a remporté le prix de la première oeuvre de fiction de la Sacd, (la société des auteurs et compositeurs dramatiques), et le prix de l'Acse, l'agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances d'une valeur de 3000 euros. Mollement un samedi matin raconte les tracas d'une jeune femme algérienne qui essaye de se débattre dans un milieu hostile fait de danger et d'indifférence. Face à son agresseur Myassa ne trouve pas d'interlocuteur et assistance au poste de police, même le plombier venu arranger le robinet de son appartement s'avère défaillant tout comme l'ascenseur qui tombe en panne, à l'image de tout un système du pays, complètement rouillé. A rappeler que Mollement un samedi matin qui a déjà été projeté en France, a été diffusé le 3 janvier dernier sur la Chaîne Arte, qui a coproduit avec le CNC français son film. Et comme de nos jours c'est l'agent (production) qui détermine la nationalité d'un film, Mollement samedi matin a dû passer dans la «catégorie nationale». Cela dit, tourné à Alger en juin 2011, avec une équipe entièrement algérienne et des bons comédiens algériens, notamment Samir Abdel Hakim et Kader Afak, à l'exception de l'héroïne que la réalisatrice a dù ramener de France et lui faire apprendre à parler l'arabe, Mollement un samedi matin est un des rares films qui a su toucher du doigt, avec courage, la réalité du pays, sans fioriture ni concession.