Le récent viol collectif d'une paysanne, ordonné par un chef de village pour la punir d'avoir enfreint un tabou, a mis le Mozambique en émoi : des militants dénoncent les violences faites aux femmes, mais certains tenants de la «tradition» tentent de justifier l'agression. La victime, âgée de 35 ans et mère de cinq enfants, est accusée d'avoir traversé une terre sacrée interdite aux femmes, le jour d'une cérémonie d'initiation d'adolescents. Le chef du village a décidé de la punir : il a ordonné à dix-sept de ses jeunes initiés de la violer. Quatre des jeunes ont été arrêtés, mais aucune date n'a encore été fixée pour un éventuel procès. Un célèbre journaliste a justifié le viol collectif dans un éditorial, estimant qu'elle l'avait cherché en traversant à plusieurs reprises le champ de l'initiation. «Personne ne peut condamner, moralement ou traditionnellement, la punition, pourtant sévère, qu'a subie cette dame, parce que nos institutions sont composées de gens qui savent comment faire face à ces questions», a-t-il écrit. Le personnel hospitalier l'a traitée comme s'il s'agissait d'une tentative de suicide, supposant qu'elle connaissait les conséquences de son acte. L'affaire provoque un débat passionné sur le statut des femmes, dans ce pays d'Afrique australe. En janvier, un homme du centre du Mozambique a coupé le bras de sa femme avec une machette quand elle l'a accusé de la tromper avec sa cousine.