Putsch - Des militaires maliens ont pris hier le pouvoir à Bamako après plusieurs heures de combat. Ce jeudi vers 04H00 (locales et GMT) que des militaires en uniforme sont apparus à la télévision nationale qu'ils occupaient depuis hier et annoncé avoir mis «fin au régime incompétent» en place à Bamako, avoir dissous «toutes les institutions», suspendu «la constitution» et décrété un couvre-feu. Le porte-parole de ces soldats, le lieutenant Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi pour faire face «à l'incapacité» du régime du président Amadou Toumani Touré «à gérer la crise au nord de notre pays», en proie à une rébellion touareg et aux activités de groupes islamistes armés depuis la mi-janvier. Le lieutenant Konaré, entouré d'une dizaine d'autres militaires, parlait au nom d'un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE). Peu après, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte, a pris la parole pour annoncer qu'un couvre-feu avait été décrété à compter de ce jeudi. Le lieutenant Konaré a également justifié le coup d'Etat par le «manque de matériel adéquat pour la défense du territoire nationa» mis à la disposition de l'armée pour lutter contre la rébellion et les groupes armés dans le nord, et «l'incapacité du pouvoir à lutter contre le terrorisme». La junte a «pris l'engagement solennel de restaurer le pouvoir» civil et de mettre en place un gouvernement d'union nationale. Les putschistes étaient dans un premier temps apparus à la télévision, mais l'allocution du lieutenant Konaré n'avait pu être entendue en raison, apparemment, d'un problème technique. Il a dû s'y reprendre à plusieurs reprises avant d'être clairement entendu. «Nous contrôlons le palais présidentiel», avait auparavant annoncé un soldat mutin, un autre affirmant que plusieurs personnalités du régime du président Touré, dont le ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, et celui de l'Administration du territoire, Kafougouna Koné, avaient été arrêtées. Une source indépendante a affirmé que le président Touré «et ses hommes ne sont plus au palais», sans préciser où ils se trouvaient. Des échanges de tirs nourris entre la garde présidentielle et les mutins ont été entendus pendant plusieurs heures dans la nuit de mercredi à jeudi. La journée d'hier avait commencé par une mutinerie dans un camp à Kati, ville garnison près de Bamako, puis s'était étendue à la capitale elle-même dont les soldats ont parcouru les rues en tirant en l'air, semant la panique. «Nous en avons marre de la situation dans le nord», a affirmé l'un d'eux. Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces soldats et la «mollesse du pouvoir» face à la rébellion. Certaines de ces manifestations avaient tourné à la violence et des propriétés appartenant à des Touareg et d'autres Maliens et étrangers à la peau claire avaient été saccagées. L'Algérie condamne le recours à la force L'Algérie condamne le recours à la force au Mali et rejette «fermement» le changement anticonstitutionnel, a affirmé ce jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani, dans une déclaration. «L'Algérie suit avec une grande préoccupation la situation au Mali. De par notre position de principe et, conformément aux dispositions de l'acte constitutif de l'Union africaine, nous condamnons le recours à la force et rejetons fermement les changements anticonstitutionnels», a souligné M. Belani. «Nous estimons que toutes les questions internes au Mali doivent trouver leur règlement dans le cadre du fonctionnement normal des institutions légitimes de ce pays et dans le cadre du respect des règles constitutionnelles», a-t-il ajouté, faisant noter que «l'Algérie proclame son ferme attachement au rétablissement de l'ordre constitutionnel dans ce pays voisin».