A un mois des élections, les militaires maliens ont renversé le régime du Président Amado Toumani Touré, prenant ainsi le pouvoir. Le président Touré a été arrêté et les institutions ont été dissoutes par les putschistes. Dans un communiqué lu à la télévision et sur les ondes de la Radio, les militaires ont indiqué que la Constitution est également suspendue. C'est le troisième coup d'Etat après les putschs de 1968 et de 1991. En effet, au moins un militaire a été tué et environ 40 personnes, dont des civils, ont été blessés, généralement par balles, lors des tirs de soldats mutinés. Le porte-parole des militaires, le lieutenant Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi pour faire face «à l'incapacité» du régime «à gérer» la crise dans le nord. Les militaires ont indiqué que l'aéroport de Bamako est fermé. L'Algérie a fermement condamné le coup d'Etat militaire et a exprimé sa grande préoccupation devant la situation dans ce pays. «L'Algérie suit avec une grande préoccupation la situation au Mali», a déclaré le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères. « De par notre position de principe et, conformément aux dispositions de l'acte constitutif de l'Union africaine, nous condamnons le recours à la force et rejetons fermement les changements anticonstitutionnels», a ajouté M. Belani. Nous estimons que toutes les questions internes au Mali doivent trouver leur règlement dans le cadre du fonctionnement normal des institutions légitimes de ce pays et dans le cadre du respect des règles constitutionnelles, a-t-il conclu. La France a également réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. «Nous avons condamné ce coup d'Etat militaire, nous sommes pour le respect des règles démocratiques et constitutionnelles, nous demandons le rétablissement de l'ordre constitutionnel, des élections qui étaient programmées pour le mois d'avril, il faut qu'elles aient lieu le plus vite possible pour que les Maliens puissent s'exprimer». Le lieutenant Konaré a également justifié le coup d'Etat par le «manque de matériel adéquat pour la défense du territoire national» mis à la disposition de l'armée pour lutter contre la rébellion et les groupes armés dans le Nord, et «l'incapacité du pouvoir à lutter contre le terrorisme». Le pays est confronté depuis mi-janvier à des attaques du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, qui ont pris plusieurs villes du nord du pays. La junte a «pris l'engagement solennel de restaurer le pouvoir» aux civils et de mettre en place un gouvernement d'union nationale. «Nous contrôlons le palais présidentiel», avait auparavant annoncé un soldat mutin sous couvert de l'anonymat. Une source indépendante a affirmé que le président Touré «et ses hommes ne sont plus au palais», sans préciser où ils se trouvaient. Le Mali a 14,5 millions d'habitants, dont 53,3 % de femmes. La pauvreté est importante puisque les 10% de la population la plus pauvre ne représentent que 2,4% des consommations totales du pays et les 10% les plus riches en consomment 30,2%. Avec 6,54 enfants par femme, le Mali possède l'un des taux de fécondité les plus élevés au monde. La croissance très rapide de la population constitue un problème fondamental pour l'amélioration du niveau de vie des Maliens.