A quelques semaines des élections, l'ambiance est à l'indifférence. Les joutes qui s'annoncent, il faut en convenir, n'intéressent pas grand monde, sauf, bien sûr, les candidats et leurs chapelles en cette phase de pré-campagne qui s'y investissent tous avec la certitude de remporter le sacre malgré le démenti flagrant que leur apportent les salles vides ou remplies par la grâce des bus et où de bruyants adolescents agitant l'emblème national comme au bon vieux temps de l'indépendance. Comment donc expliquer cette «démission» et ce désintérêt des citoyens de la chose politique ? Sans doute par le fait que les algériens ont depuis longtemps désappris à croire aux promesses mirifiques des marchands de rêves et les candidats ont beau faire les yeux doux aux citoyens. Il faut avoir la mémoire courte pour oublier que les chefs de ces partis qui disent aujourd'hui détenir les solutions idoines pour sortir le pays du marasme et la corruption qui gangrènent l'appareil administratif dans son ensemble, n'avaient pas trouvé mieux que de se taire devant le comportement provocateur de celui qui vint cracher sur les tombes des victimes du terrorisme. La boucle est pour ainsi dire bouclée quand des partis version «participationnistes», manquant, cruellement de lucidité, et manquant de base, sortent comme par enchantement de leur hibernation et veulent séduire par leurs discours en rupture avec les habituelles litanies, une population qui a compris que les patrons de ces «fast-foods» tiennent un discours semblable à celui des années de braise, dont certains de leurs militants siègent au sein de l'hémicycle par la grâce du système des quotas, pour venir aujourd'hui encore crier à la fraude «qui se profile à l'horizon». Il y a l'embrouillamini formé par toutes ces formations plus proches des squatters idéologiques que des véritables mouvances avec ligne et stratégie politiques. Des fronts de toutes les appellations qui prétendent offrir le bonheur au peuple pour peu qu'il les désigne à la députation. Des partis fantômes qui hibernent des lustres durant et qui se découvrent soudain une existence à la veille de chaque élection avec l'objectif de décrocher quelques strapontins, sait-on jamais. Le peuple a encore compris qu'à ce stade de la persévérance, ce n'est plus uniquement de la continuité : c'est de l'insoutenable effronterie. C'est bien ça le langage de la rue. Les abstentionnistes ne répondent pas aux chapelles de certains caciques de la scène politique qui appellent au boycott, mais pour dire une fois de plus que le changement n'est pas dans les discours mielleux des candidats à la députation, mais… Aïe. Dans… Aïe. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah. Rabah Khazini