Mesure - La commission électorale utilise la loi pour tenter d'exclure et d'empêcher certaines candidatures aux élections de mai. Les Frères musulmans, première force politique d'Egypte, ont annoncé hier samedi avoir décidé de présenter un second candidat à la présidentielle prévue les 23 et 24 mai prochain, afin de garantir leur présence dans la course au cas où leur premier choix serait invalidé. En effet, la candidature de Khairat al-Chater, le numéro deux de la confrérie islamiste, pourrait être menacée. «Nous avons décidé, confrérie et parti ensemble, de présenter Mohammed Morsi, le président du Parti de la liberté et de la justice, en tant que candidat alternatif», a indiqué la confrérie en précisant qu'il s'agit d'une mesure de précaution. Ils ont, en outre, affirmé s'être assurés que « la situation légale» de M. al-Chater lui permet de se présenter surtout après l'avoir faite examiner par une commission d'experts. Cette mesure de précaution s'explique par le fait que M. al-Chater est sorti de prison en mars 2011 après avoir été condamné par un tribunal militaire à sept ans de réclusion pour des accusations de terrorisme et de blanchiment d'argent. Or la loi stipule que toute personne ayant été condamnée à la prison ferme doit attendre six ans à partir de la fin de sa peine ou de la date de sa grâce avant de pouvoir retrouver ses droits politiques. Une mesure qui s'abat aussi sur d'autres candidats. Ainsi, hier samedi, la justice administrative a d'ailleurs interdit à l'opposant Ayman Nour de se présenter à cette élection en vertu de la même loi. Pourtant le pouvoir militaire avait annoncé fin mars qu'il restituait ses droits politiques à Ayman Nour. Ce dernier a rapidement annoncé son intention de se présenter à l'élection présidentielle. En 2005, ce candidat avait obtenu 7,6% des voix à la première élection présidentielle pluraliste du pays. Alors chef du parti Al-Ghad, formation d'opposition, il avait été condamné à cinq ans de prison pour fraude et falsification de documents, des accusations qu'il a toujours récusées. Par ailleurs, le candidat salafiste Hazem Abou Ismaïl, lui, va probablement être exclu de la course en raison de la nationalité américaine de sa mère. Selon la loi électorale, tout candidat à la magistrature suprême doit être uniquement égyptien, de même que ses parents et son épouse. Pour répondre à ce qu'elle a qualifié de «massacre» des candidats islamistes par la commission électorale, la Gamaa islamiya, groupe islamiste ultra conservateur, a annoncé hier samedi qu'elle se lançait dans la course à la présidentielle. Le groupe a choisi le prédicateur Safwat Hegazy pour représenter le Parti de la construction et du développement, issu de la Gamaa. La Gamaa islamiya a jugé que la commission électorale entendait « écarter (les islamistes) au moyen de prétextes juridiques faibles et obscurs » afin de préparer le terrain à Omar Souleimane, l'ancien vice-président de Hosni Moubarak dont la candidature surprise a été annoncée le vendredi dernier. Ce dernier s'est dit répondre à un «un appel populaire» «L'appel que vous avez lancé aujourd'hui est un ordre et je suis un soldat qui n'a jamais désobéi à un ordre de sa vie», a-t-il affirmé.