Attentats ou pas, rien n'a changé dans le programme politique en Egypte où la date de l'élection présidentielle a été fixée pour le 7 septembre prochain. Pourtant, rappelle-t-on, le régime du président Hosni Moubarak, qui tarde à dévoiler ses intentions en ce qui concerne le prochain scrutin, avait été au moins suspecté au printemps dernier de vouloir profiter de la situation sécuritaire, qui n'était pas aussi mauvaise qu'elle ne l'est actuellement, pour se maintenir. C'était l'époque de la révision de la Constitution qui avait ouvert le champ à une élection au suffrage universel, et la pluralité des candidatures. Semblant récuser cette accusation, le pouvoir a quand même maintenu cette échéance même si, par ailleurs, les jeux semblent faits avec une campagne en règle à une nouvelle candidature de Hosni Moubarak, ce qui équivaut au regard de l'accusation de l'opposition, les indépendants surtout, à un cinquième mandat. Les analystes assurent que le président sortant, qui finira par faire connaître ses intentions dans dix jours au plus tard, n'aura pas en face de lui une grosse pointure issue de l'opposition, et encore moins des indépendants astreints à des conditions jugées comme une interdiction en règle. La machine électorale est pourtant bien lancée puisque depuis que la date de la présidentielle a été arrêtée, l'heure était hier aux autres étapes, dites intermédiaires, mais importantes. Il s'agit du dépôt des candidatures. Les candidats auront en effet une semaine pour se faire enregistrer à partir du 29 juillet, soit jusqu'au 4 août, a annoncé hier la commission électorale. Afin de pouvoir concourir, les candidats devront présenter 250 signatures d'élus nationaux ou locaux et pourront retirer leur candidature après enregistrement, s'il le souhaite, pas plus tard que le 23 août, selon la commission. La campagne électorale officielle débutera le 17 août et se terminera le 4 septembre, ajoute le communiqué, soulignant qu'un éventuel deuxième tour aura lieu le 17 septembre. Arrivé au pouvoir il y a 24 ans, à la suite de l'assassinat du président Anouar el-Sadate par des islamistes en 1981, le président égyptien Hosni Moubarak, 77 ans, tarde à faire savoir s'il se portait candidat pour un cinquième mandat. Mais ses partisans font comme si la question, y compris celle de sa réélection, était réglée. C'est, en tout cas, l'ambiance qui règne en Egypte depuis le printemps dernier, avec au passage des dérapages attribués aux militants du parti de Moubarak, perpétrés dans des meetings de l'opposition, à l'occasion desquels des femmes journalistes avaient été malmenées. Bien que répondant à un timing lié à la fin du mandat présidentiel, l'opposition affirme que la date du scrutin laisse peu de temps pour mener une campagne électorale et que la loi électorale ne garantit pas la transparence du processus. Un nombre grandissant de partis et d'individus - dont les Frères musulmans, la principale force d'opposition, le parti de gauche Tagammou, Kefaya (« ça suffit »), un mouvement pour le changement, ainsi que la féministe Nawal Saadaoui et le militant des droits de l'homme Saad Eddine Ibrahim - ont d'ores et déjà annoncé qu'ils boycotteraient le scrutin. Seuls deux candidats ont clairement annoncé leur candidature jusqu'à présent : l'opposant et président du parti Al Ghad, Ayman Nour, et le neveu d'Anouar Sadate, le député Talaat Sadate. Normalement, la liste sera connue le 4 août au soir et l'on saura par la même occasion si le fils de Hosni Moubarak, longtemps suspecté de vouloir succéder à son père, sera lui aussi dans la course électorale. Commentant la révision de la Constitution, le Président sortant avait clairement indiqué que la nouvelle loi donnait le droit à son fils de briguer la magistrature suprême. Pour beaucoup pourtant, la question ne devrait pas être appréhendée sous l'angle du droit et de l'aptitude, mais plutôt de l'intention prêtée au président Moubarak de régler sa propre succession au risque de mettre en place un régime dynastique. Ce qu'il récuse bien entendu.