Résumé de la 4e partie Craignant d'être atteinte d'un cancer du sein, Sonia cède à la panique. En faisant jouer ses relations, Omar a pu obtenir rapidement un rendez-vous à l'hôpital. La jeune femme, fortement secouée, a pris un congé. Lui-même a manqué ses cours à l'université pour l'accompagner. Elle pouvait s'y rendre seule, mais il a préféré être avec elle pour la soutenir. Les enfants, eux, sont partis pour l'école. Sonia les a rassurés en leur disant qu'elle n?avait pas peur et que tout se passerait bien. A l'hôpital, il faut attendre, dans une sorte de couloir interminable, aux murs jadis blancs, aujourd'hui défraîchis et sans âme. Il y a, pêle-mêle, sur les bancs en bois, des hommes, des femmes et des enfants. Une fillette d'une dizaine d'années, la tête bandée, pleure en gémissant : «J?ai mal, j'ai mal !». Un homme, assis sur un autre banc, juste en face de Sonia, exhibe un cou déformé par une gigantesque tumeur aux contours rougeoyants. La jeune femme pousse son mari du coude. «Tu as vu ?» Omar se contente de hocher la tête. Oui, il a vu, il voit tous les malheurs dans cette salle : ce jeune homme d'une vingtaine d'années, maigre comme un clou, la peau d'une pâleur cadavérique, et cette femme aux pieds mangés par des ganglions? Il y a aussi des gens paisibles, qui semblent en parfaite santé, mais, eux aussi, doivent avoir des «boutons», des tumeurs. Pourvu seulement que le bouton de Sonia ne soit pas une tumeur ! L'attente paraît interminable, mais le tour de Sonia arrive. Quand l'infirmière l?appelle, il se lève pour aller avec elle, mais il n'est pas autorisé à pénétrer dans la salle des prélèvements. Une autre attente, plus longue encore, plus pénible commence pour lui. L?homme, assis à côté de lui, lui parle. ? C'est votre femme ? ? Oui, dit Omar, distraitement. ? Où a-t-elle sa tumeur ? ? Au sein, répond-il machinalement. (il se reprend aussitôt). Elle n'a pas de tumeur, ma femme, c'est juste un bouton. Si elle fait des analyses, c'est juste pour nous assurer qu'elle n?a rien. ? C'est ce qu'on m'a dit, à moi aussi, dit l'homme tristement. C'était un bouton, puis il a commencé à grossir, à grossir, et on a diagnostiqué une tumeur? et maligne ! Aujourd'hui, je fais des analyses pour voir si le cancer n'a pas gagné d'autres organes. «Des métastases», pense Omar, atterré. L'homme s'aperçoit qu'il a impressionné Omar. ? Ne vous inquiétez pas, dit-il, je suis sûr que votre femme n'a rien, un kyste sans doute ! ? Sans doute, dit Omar. Il se détourne légèrement pour signifier à l'homme qu'il n'a pas envie de discuter. Il s'enferme sur lui-même, essayant de faire le vide en lui. Sonia sort de la salle de soins. Il se lève et va vers elle. ? Alors ? demande-t-il ? On m'a fait un prélèvement. Il faut attendre quelques jours pour avoir les résultats. Mais ne t?inquiète pas, tout ira bien ! Et pour lui montrer qu'elle est rassurée, elle sourit. (à suivre...)