Le recours à l'importation ne règlerait pas la crise ni ne ferait baisser les prix. Bien au contraire, une telle démarche nuirait à la filière, sans compter que la qualité du produit importé ne saurait être garantie. Pour ces raisons, le département de Benaïssa a décidé d'exclure cette éventualité, coupant court aux rumeurs sur la question. La bonne nouvelle dans tout cela est qu'une baisse des prix de ce tubercule est confirmée pour la fin du mois en cours. Le ministre a en effet estimé hier que l'importation de ce tubercule n'allait pas casser les prix de ce produit sur le marché. Selon Rachid Benaïssa, une telle démarche risque au contraire de porter atteinte à toute la filière. Après étude de la demande de certains opérateurs des autorisations d'importation de la pomme de terre auprès du ministère, il a été constaté que le prix de vente du produit importé reviendrait entre 70 et 75 dinars le kilogramme. «Ce prix n'est pas assez compétitif pour casser les prix sur le marché et de surcroît, la pomme de terre importée est d'une qualité moindre du fait qu'elle est stockée depuis six mois», a expliqué le ministre lors d'une conférence de presse. «Nous avons construit cette filière pour sécuriser le producteur et non pas pour le casser», a-t-il indiqué en appelant tous les intervenants dans le système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) à se professionnaliser. Et pour cela «chacun de ces maillons peut tirer profit en produisant plus et en appliquant des prix accessibles au consommateur», a estimé également Benaïssa qui a ajouté qu'«il n y a pas de crise de pomme de terre comme le pensent certains». Il justifie ce constat par le fait que la production de la pomme de terre d'arrière-saison et de primeur enregistrée à ce jour a atteint 16,42 millions de quintaux contre 14 millions durant la même période de 2010/11. La mise en place du Syrpalac a en outre permis, selon lui, de relancer la production qui est passée de 20 millions de qx en 2009 à 38 millions de qx en 2011. Pour 2012, le secteur table sur une production similaire à celle de la saison précédente en raison d'une légère baisse du fait des dégâts provoqués sur les plants par les intempéries du mois de février dernier. D'ailleurs, le ministre a affirmé ce matin sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale que «cette année nous avons eu 40 jours de pluie et de neige, ce qui est une bonne chose pour le secteur. Nous avons dû utiliser nos stocks. Il y a eu dans l'attente de la nouvelle récolte de la pomme de terre un creux et cela a eu un effet sur les prix. La nouvelle récolte a déjà commencé et elle va monter en cadence». Outre cette raison météorologique fatale, la hausse des prix de la pomme de terre est liée non pas à la production qui n'est pas en baisse, mais à la consommation de ce tubercule par l'Algérien qui est passée de 6.5 kilogramme à 10.5 par tête d'habitant, selon le département de Benaïssa. Hocine Abdelghafour, directeur des statistiques au ministère de l'Agriculture, a indiqué pour sa part qu'«en récoltant la pomme de saison et de l'arrière-saison, nous sommes déjà à 16.5 millions de quintaux». En attendant, la «promesse» de voir le prix de ce tubercule baisser dans les prochains jours, le citoyen continue à se le procurer à 100 dinars le kg en moyenne. Les prix vont baisser Les directeurs des services agricoles des trois grandes wilayas productrices en l'occurrence Mostaganem, Ain Defla et El Oued, sont unanimes à prévoir une baisse progressive des prix de ce tubercule dans les deux semaines à venir. «C'est sûr que le prix va chuter parce que la récolte de saison à Ain Defla débutera la semaine prochaine, et devrait atteindre sa vitesse de croisière fin avril début mai», a affirmé le DSA de cette wilaya, M. Boudjema Zerouk. Les producteurs de la wilaya de Mostaganem ont commencé déjà la récolte de saison, estimée à 2 millions de quintaux pour la primeur. «Sur les 8 000 ha plantés, nous avons arraché 180 ha du 22 mars à ce jour et l'opération se poursuit pour atteindre le pic fin avril début mai», a indiqué de son côté le DSA de Mostaganem. Cette wilaya, qui produit 8% de la production nationale, a été touchée par le gel qui a retardé le cycle végétatif des plants, et donc la récolte, de 15 jours. Des quantités importantes provenant d'El Oued seront mises également sur le marché d'ici à fin avril, selon les services agricoles de cette wilaya, qui produit 40% de la production nationale. La superficie réservée à la production de pomme de terre de saison dans cette wilaya du Sud est estimée à plus de 12 000 ha en 2012, en hausse de 80% par rapport à la saison dernière, selon le même service.