Menaces - Les tirs provenant de Syrie sur un camp de réfugiés syriens situé en Turquie constituent une «très claire violation» de la frontière entre les deux pays, a déclaré, ce mardi, le Premier ministre turc, promettant de réagir. «Il s'est produit une très claire violation de la frontière, c'est avéré (...) Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires», a dit Recep Tayyip Erdogan à la presse à Pékin, où il se trouve en visite, selon l'agence de presse turque Anatolie. Son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qui l'accompagne, a interrompu sa visite et devait rentrer immédiatement en Turquie à cause de cette brusque montée de la tension entre les deux pays. Davutoglu a eu des conversations au téléphone sur cet incident avec ses collègues de quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ajoute l'agence. Il s'agit des Etats-Unis, du Royaume-uni, de la Chine et de la Russie. Il devait aussi appeler la France. Erdogan a affirmé que son pays «usera de tous ses droits découlant du droit international», sans dire cependant si la Turquie envisage d'établir des zones tampon ou des couloirs humanitaires en faveur des populations civiles, comme l'affirment les journaux turcs. «Que doit faire la Turquie en cas d'une violation de la frontière? La Turquie agira évidemment comme ont agi d'autres pays, conformément au droit international. Ce droit nous est accordé aux termes du droit international», a-t-il insisté. Hier, des tirs en provenance de Syrie ont fait six blessés sur le sol turc, un incident qui est intervenu à la veille d'une visite de l'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, qui devait se rendre dans des camps de réfugiés syriens dans le sud de la Turquie. Les six blessés sont quatre Syriens et deux membres du personnel turc (un policier et une interprète) d'un camp de réfugiés proche de la ville turque de Kilis (sud-est), selon le gouverneur local. C'est la première fois que des coups de feu tirés de Syrie font des blessés en Turquie depuis le début du mouvement de révolte en Syrie, en mars 2011. Annan a proposé un plan de sortie de crise que Damas a accepté le 2 avril. Mais la poursuite des opérations militaires, mardi, faisait douter plusieurs capitales occidentales et la Turquie de la volonté de Damas de mettre fin aux violences à cette date butoir. Annan est attendu vers 09H00 GMT à Hatay, la province limitrophe de la Syrie qui abrite plusieurs camps de toile. Accompagné du vice-Premier ministre turc, Besir Atalay, il doit aussi survoler par hélicoptère la zone de Kilis où s'est produit l'incident frontalier. Annan devait quitter la Turquie aux alentours de 13h 00 GMT pour se rendre en Iran, selon les autorités turques. La Turquie accueille actuellement 25 000 réfugiés syriens dans des camps répartis sur trois provinces, une opération coûteuse, selon Erdogan. «Nous avons déjà dépensé 150 millions de dollars (...) Qu'allons nous faire si cet exode atteint 100 000 personnes ?», a-t-il dit, appelant la communauté internationale à agir en faveur des réfugiés.