C'est étrange comment on évoque la violence dans les stades lorsqu'elle se manifeste chez les grands clubs et comment on la passe sous silence lorsqu'elle frappe ces bourgades anonymes de l'arrière pays avec pourtant des dégâts autrement plus graves. Au début du mois passé, c'est une rencontre tout ce qu'il y a de plus banal entre deux clubs de la Régionale de Tizi-Ouzou qui a tourné au drame. Le match opposant les deux équipes en présence, celles de la JS Tadmaït et l'US Béni-Douala, s'est achevé sur de graves débordements et la bataille rangée s'est déplacée en dehors de l'enceinte sportive pour se perpétrer au centre-ville où les forces de l'ordre ont dû intervenir pour disperser les supporters surexcités. Ces graves incidents sont été très peu rapportés par la presse qui préfère s'étaler sur ceux qui ont émaillé la rencontre de coupe entre l'USMH et l'USMA et celui de Saïda entre le club local et l'USMA. Ces clubs évoluant parmi l'élite, on leur a donc accordé toute l'attention compte tenu du nombre de supporters et aussi de lecteurs qu'ils drainent. C'est pourquoi les incidents de Tadmaït bien qu'ils soient graves avec de nombreux blessés n'ont pas été médiatisés comme il se doit. Sans doute a-t-on jugé cette bourgade de la Kabylie indigne d'intérêt, les échauffourées qui entachèrent le derby algérois et celui de Saïda étant plus porteuses. A tel point que même la FAF a réagi en menaçant de sévir sérieusement contre les fauteurs de troubles de la capitale et ceux de Saïda. A l'évidence, nous n'allons pas nous étaler sur les raisons complexes de cette violence qui se manifeste particulièrement en fin de saison quand les enjeux de l'accession et de la rétrogradation pointent à l'horizon. Inutile d'écrire que ces lieux-dits de l'arrière pays manquent cruellement de loisirs au point où l'équipe de foot locale devient le principal pôle d'attraction quitte à déborder sur le plus insoutenable des chauvinismes. Pour l'heure, nous nous en tiendrons à cette médiatisation d'incidents qui ont débouché sur le saccage d'une caméra de télévision. Cela se passe à Alger. Tandis qu'à une centaine de kilomètres, des édifices publics et de paisibles passants sont pris pour cible par des supporters déchainés, personne n'en parle. Et pourtant Tadmaït, c'est pas si loin… Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.