Avec l'élection de François Hollande, la politique de l'immigration de Paris va-t-elle connaître un changement ? Les organisations chargées de la protection des droits des immigrés l'espèrent et lancent un appel en ce sens au nouvel homme fort de l'Elysée. C'est ce qu'a soutenu hier, la Cimade, une structure accueillant et accompagnant, en France, des dizaines de milliers de migrants et de demandeurs d'asile. Elle plaidera, à ce titre, pour que la question de l'immigration sorte du ministère de l'Intérieur. Pour l'ONG, la présidence de François Hollande doit marquer une rupture avec les «dérives politiques et morales» héritées de l'ère de Nicolas Sarkozy. Ainsi, un premier signe de rupture avec l'approche sécuritaire de la politique d'immigration, selon elle, serait de sortir cette question du ministère de l'Intérieur. Dans une déclaration «Le changement est attendu maintenant !», la Cimade dit, avec l'élection de François Hollande, saluer l'espoir d'un changement désormais possible en matière de politique migratoire. «Dix ans de discours stigmatisants à l'encontre des étrangers, dix ans de politiques et de pratiques de plus en plus répressives conduisant au recul du respect des droits fondamentaux, ont créé beaucoup de souffrances et d'humiliation et aussi provoqué des déchirures graves dans le tissu social de notre pays», a-t-elle regretté, estimant que la banalisation de discours ouvertement xénophobes, légitimés par des paroles et des actes portés par les autorités de l'Etat, en est la conséquence. Selon la Cimade, «Il y va de la transformation des relations sociales, de la construction d'une société hospitalière et de la possibilité d'un "vivre ensemble" porteur d'espoir pour tous les habitants de ce pays.» L'autre urgence, selon elle, est de transcrire «dès maintenant» ces valeurs dans des mesures concrètes concernant les migrants pour assurer le respect des droits humains, la justice et la solidarité. La Cimade affirme rester «engagée» sur le terrain, aux côtés des migrants qu'elle accompagne chaque jour, et mobilisée pour porter des principes et des propositions pour la construction d'une «véritable politique d'hospitalité». Dans son programme, le Président élu entend lutter contre l'immigration illégale, sans toutefois en définir un seuil annuel en matière d'expulsion des sans-papiers ou autres personnes tentées par la migration. François Hollande a également rappelé qu'il voudrait limiter l'immigration économique, à travers un débat organisé chaque année au Parlement sur le nombre d'étrangers à accueillir. Quant au droit d'asile, il voudrait que le délai d'examen des demandes passe de 18 mois à 6 mois.