Questionnement - Serait-il possible qu'un jour on envisage la privatisation de l'hôpital public ? La question pourrait se poser d'une autre façon. Ira-t-on jusqu'à bloquer le processus de création de nouveaux hôpitaux et laisser le secteur privé s'en occuper lui-même ? C'est une des remarques angoissantes au vu des manifestations de ceux qui ont en charge la gestion de notre santé. Pour le moment, l'accent est plutôt mis sur les salaires, le statut, mais pas sur les conditions de travail. Les structures privées de la santé ne connaissent pas les mêmes problèmes de rush sur les urgences. Chez ces dernières, tout est planifiable et planifié. Manque de moyens financiers dans le secteur public ? Les dépenses pharmaceutiques ne devraient pas y être assez disponibles, car ces temps-ci, les malades se révoltent de l'indisponibilité de médicaments indispensables pour les pathologies graves. Mettre en concurrence les deux secteurs ? Un hôpital avec une clinique? Nombre de grèves des personnels des hôpitaux, toutes catégories confondues, ou plutôt toutes fonctions, sont perçues comme étant pratiquement toutes motivées par des enjeux de salaires, ou alors de pouvoir d'achat. On sait pourtant que les conditions d'exercice de la profession sont évoquées, tout comme sont évoquées et d'une façon plus appuyée les augmentations salariales. Serait-ce le caractère public de l'hôpital qui ne conviendrait plus dans cette ère de libéralisme économique qui se traduit par la privatisation et l'injection de fonds privés ? Qu'est devenue la réalité de gestion des hôpitaux publics depuis qu'ont été annoncée l'ouverture et la disponibilité immédiate de cliniques privées ? Quels critères pour différencier hôpital et clinique ? Quand on répète dans la presse que même le fil chirurgical n'est pas disponible dans les hôpitaux publics, il est naturel de se poser la question de l'avenir des hôpitaux publics. Peut-on dire que l'hôpital fait partie des «entreprises» à caractère stratégique et peut-on dire que l'hôpital est une entreprise et, qu'à ce titre, il doit être autonome et rechercher sa rentabilité financière ? Pour le moment, le fait que des «cliniques» sont créées par le secteur privé serait un signe, selon des observateurs, que va s'exercer une médecine à deux vitesses. En revanche, pour ce qui concerne les personnels de santé, il risque de se passer ce qui se passe en football, c'est-à-dire marquer la différence entre le secteur amateur (ceux qui restent dans la structure publique) avec le secteur professionnel (ceux qui vont vers le secteur privé). N'eussent été, selon certains observateurs, les difficultés qui se sont posées devant l'accomplissement du processus de privatisation, presque tous les secteurs des services auraient été concernés. Parmi ceux-là, il y a le caractère sacro-saint de la médecine. C'est ce que les altermondialistes appellent la marchandisation des services.