Le Mouloudia d'Alger est, nous dit-on, sur le point d'être cédé d'abord à une entreprise italienne qui a souhaité devenir le principal actionnaire avec deux tiers des titres, puis à un homme d'affaires franco-algérien et voilà que l'homme fort du Mouloudia, Rachid Maârif, ambassadeur d'Algérie en Italie, nous annonce que des hommes d'affaires koweïtiens seraient prêts à mettre la main sous la «gandoura» pour acquérir l'un des monuments historiques du football algérien. Là, il ne s'agit pas d'un consortium chinois ou turc qui vient offrir un partenariat dans le domaine du bâtiment ou des produits laitiers, mais d'un club de football qui plus est, le doyen, avec sa tumultueuse histoire, son long passé jalonné de victoires et de défaites, sa galerie faite de ces petits jeunes des quartiers populaires…Bien sûr, les économistes pourront froidement répliquer que c'est là le tribut de la mondialisation et que le capital n'a désormais plus de frontières. Sauf qu'il ne s'agit pas, dans ce cas précis, d'une conserverie de tomates avec obligation de résultat financier, mais d'une équipe de foot qui charrie bien plus qu'un chiffre d'affaires, de vieilles émotions, des souvenirs inoubliables partagés par des dizaines de milliers de supporters de tout âge. En un mot un patrimoine national comme le rappelle l'ancien joueur Omar Betrouni qui s'insurge contre cette ouverture du capital et se demande pourquoi ne pas solliciter les très nombreux enfants du Mouloudia, dont certains ont sûrement les moyens de financer le club. Son voisin l'USM Alger a bien été pris en main par un industriel national qui a investi des sommes énormes ? L'avantage de cette gestion par le capital local, c'est de garder intact le caractère d'algérianité du club. Au cas où les Italiens ou le Franco-Algérien deviendraient propriétaires du MCA, il faudra s'attendre à ce que l'équipe perde totalement son âme et qu'un jour le principal actionnaire puisse, en toute légalité, aligner une équipe totalement italienne ou même française, efficacité oblige. Il n'est donc pas exclu que le Mouloudia devienne un jour un appendice du football italien ou français. Cela pour 10 millions d'euros que la société étrangère s'apprêterait à mettre dans la cagnotte. La question est la suivante : le mythique Mouloudia est-il incapable de ramasser une telle somme ? Si c'est non, il n'a qu'à déclarer faillite. C'est toujours mieux que d'être vendu à des étrangers. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.