Vision - Le développement de la concurrence en Algérie tarde à voir le jour en raison de plusieurs contraintes liées à l'environnement économique, mais aussi de la prolifération du marché informel qui prend de plus en plus d'ampleur. Invité à donner son avis sur le degré d'application des règles de la concurrence en Algérie, le directeur de la concurrence auprès de la Direction générale de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, M. Boukhroufa, a affirmé que l'insuffisance de la culture de la concurrence en Algérie pose un véritable obstacle au développement de l'économie du pays. En outre, le poids du marché informel qui évolue sans cesse, freine le libre jeu de la concurrence et entrave la transparence totale du marché. Ce responsable fera part également de l'absence d'un système normalisé et efficient de régulation. Ce sont les principales contraintes à la consécration pleine et entière du droit à la concurrence. Pour ce faire, l'Etat a mis en place le Conseil de la concurrence afin de veiller au bon fonctionnement des règles de la concurrence du marché. «L'Algérie a demandé la prorogation du délai du programme de jumelage relatif à la concurrence (2011-2012) avec l'Union européenne, pour permettre une meilleure formation des membres du Conseil de la concurrence», a signalé, en outre, le secrétaire général du ministère du Commerce, Aïssa Zelmati. «Il reste dans le cahier des charges une action de formation des membres du Conseil de la concurrence qui ne sont pas encore nommés par décret présidentiel», a précisé le SG du ministère. «Le Conseil, qui sera installé prochainement, dispose de toutes les prérogatives pour mener à bien sa mission», a-t-il ajouté. Questionné pour savoir quand ce conseil sera opérationnel, Aïssa Zelmati a déclaré que les décrets relatifs au conseil ont été publiés au Journal Officiel et que plus d'une quarantaine de CV ont été étudiés et suivis d'une présélection de candidatures, actuellement objet d'enquête de validation. Toutefois, aucune date n'a été avancée quant à l'installation officielle du conseil ni quand il sera opérationnel. Dans ce même sillage, M. Boukhroufa estime que ce conseil devra notamment intervenir «en amont» et en liaison avec la sphère institutionnelle et entrepreneuriale, plaidant pour le renforcement des mécanismes d'observation et le développement d'un «système normalisé et efficient» en matière de régulation. Il s'agit, en fait, d'œuvrer à développer la culture de la concurrence et songer davantage à la gestion de l'informel qui menace le développement de l'économie du pays. De son côté, le Dr Stockmann, co-chef de projet allemand de jumelage, a estimé que le droit algérien à la concurrence répond parfaitement aux normes internationales, mais un défi s'impose à la future autorité pour jouer pleinement son rôle de régulateur du marché. Et d'ajouter : «L'économie du marché n'est pas une fin en soi, mais un instrument qui garantit le bon fonctionnement du marché. C'est un instrument adéquat qui permet le développement d'une politique sociale adéquate, acceptée par la grande partie de la population.» Ce séminaire, qui a pour but de sensibiliser les opérateurs économiques et les associations de protection des consommateurs aux règles de la concurrence, sera suivi de deux autres rencontres régionales, à Oran le 2 juillet et à Sétif le 10 juillet.